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parait d’excellentes positions en face de Vendôme. Le 1er janvier, nous confirmions nos succès des jours précédens en repoussant l’ennemi à Longpré et à Saint-Amand. D’heureux engagemens d’éclaireurs avaient lieu à Laverdin, à Lancé et à Huisseau. Ainsi nous avions tourné Vendôme par le sud, nous n’étions plus qu’à cinq lieues de Blois ; mais nous ne devions jamais aller plus loin. Frédéric-Charles venait de quitter Orléans avec toutes ses forces, en même temps que Mecklembourg quittait Chartres. Tous deux marchaient parallèlement sur Le Mans. Nous ne tardâmes pas à être attaqués dans nos positions avancées. Le 6, l’ennemi se précipita sur les villages de Villechanner, Villeporcher, Saint-Cyr-du-Gault, que nous occupions entre Château-Renault et Saint-Amand. Nos lignes furent d’abord forcées ; mais nous reprîmes l’offensive, et l’ennemi se retira sur Vendôme, laissant de nombreux blessés et prisonniers. À notre gauche, les avant-gardes de Mecklembourg avaient repris Fourches et menaçaient Nogent-le-Rotrou. Cette marche de Mecklembourg et de nouveaux efforts de Frédéric-Charles contraignirent notre armée à un mouvement de retraite ; elle repassa le Loir pour se concentrer plus près du Mans. Les colonnes allemandes étaient le 8 à Nogent-le-Rotrou sur la droite, à Sargé et à Savigny au centre, à La Chartre sur la gauche. Le 9, elles entraient à Saint-Calais. Les avant-postes de Mecklembourg apparaissaient en même temps à Bellême et à Mortagne. Ces progrès de l’ennemi ne s’étaient pas effectués sans résistance, seulement nous n’avions livré jusque-là que des combats secondaires. Les grands coups allaient bientôt être frappés.

Le 10 se livra une véritable bataille. Nous occupions les positions de Montfort, Champagne, Parigné-l’Évêque et Jupille, distantes de quatre ou cinq lieues du Mans. C’était l’armée de Frédéric-Charles qui nous attaquait. De chaque côté, 60,000 hommes environ furent engagés. L’affaire fut chaude et vivement contestée. Un officier anglais, qui était à l’état-major de Chanzy, rend hommage à la bonne organisation de nos troupes et de notre matériel. À Jupille, une brigade commandée par le général Ravel opposa une héroïque résistance pendant six heures à des forces considérables. Nous dûmes cependant nous replier. Nos pertes avaient été grandes. L’armée se retira derrière la petite rivière de l’Huisne, un peu en avant et sous les murs du Mans. Là s’engagea une bataille plus générale, aussi contestée, mais plus fatale par l’issue que celle de la veille. Nous avions cette fois contre nous les deux armées réunies de Mecklembourg et de Frédéric-Charles. Nos forces du reste étaient également concentrées. Toute la journée, l’action fut vive et sans résultat, ou plutôt nous avions gagné une victoire négative, puisque nous avions maintenu nos positions. Le corps de l’amiral