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plans de Pierre Du Bois sur l’étude des langues orientales. Le concile de Vienne entra complètement en effet dans l’ordre d’idées qui prévalait à Paris autour de Philippe le Bel ; il supprima l’ordre du Temple, décida une nouvelle croisade, et ordonna pour cela la levée d’un décime pendant six ans. Ces projets se continuèrent pendant tout le xive siècle et la première moitié du xve, sans qu’on fît du reste autre chose que copier et rajeunir les anciens projets de l’époque où nous sommes. On en trouve la trace chez les auteurs musulmans de ce temps. Ibn-Batoutah, Ibn-Khaldoun, nous présentent toujours le pape comme occupé à former la ligue de princes chrétiens, à étouffer leurs divisions, à les réunir pour la croisade contre les musulmans.

VII. — Requête censée adressée par le peuple au roi Philippe le Bel pour qu’il force Clément V à supprimer l’ordre des templiers. Cette pièce est en français. Elle a été publiée par M. Boutaric (Notices et extraits, t. XX, 2e partie, p. 175 et suiv.) d’après un manuscrit de la Bibliothèque nationale, qui n’est autre chose que le registre XXIX du Trésor des Chartes, d’où Dupuy a tiré les pièces les plus intéressantes de son Histoire du différend, et Baluze presque tous les documens de la vie de Clément V. On peut voir les conjectures ingénieuses de M. Boutaric sur ce manuscrit, qui est une des sources principales par lesquelles nous connaissons Pierre Du Bois. Cette pièce, comme presque tous les pamphlets de Du Bois, n’a pas de nom d’auteur ; mais les inductions qui la font attribuer à l’avocat de Coutances équivalent à la certitude. On y retrouve son style, ses citations ordinaires. La requête française a d’ailleurs beaucoup d’analogie avec la Supplication du peuple de France contre Boniface VIII et avec la nouvelle requête en latin contre les templiers, dont nous parlerons bientôt ; or ces deux pièces, selon toutes les apparences, sont de Du Bois.

VIII. — Quœdam proposita papœ a rege super facto templariorum. C’est un projet de lettre censée adressée à Clément par Philippe le Bel. M. Boutaric l’a publiée pour la première fois (Notices et extraits, vol. cité, p. 182 et suiv.) d’après un rouleau conservé au Trésor des Chartes (Arch. de l’Emp., J, 413, no 34). Cet écrit offre une complète similitude avec les autres ouvrages qui sont certainement de Pierre Du Bois. L’auteur mêle les menaces aux raisons tirées de l’Écriture sainte ; les passages de l’Écriture qu’il allègue sont les citations favorites de Du Bois. La liberté avec laquelle le roi est supposé parler au pontife répond parfaitement à l’humeur frondeuse de notre légiste. Que le pape ne s’indigne pas quand on le reprend. Saint Pierre a été repris deux fois par Notre-Seigneur et une fois par saint Paul. Il vaut mieux prévenir que punir ; d’ailleurs Dieu peut faire connaître aux petits ce qu’il cache