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Hohenlinden de nouveaux armistices furent conclus entre les belligérans en Italie et en Allemagne. Celui qui fut signé à Trévise par les généraux Brune et Bellegarde, le 16 janvier 1811, décida que les places d’une importance médiocre et d’une défense difficile comprises dans les lignes des Français leur seraient livrées ; c’étaient Peschiera, Sermione, les forts de Vérone et de Legnano, toutes places qui n’avaient pas l’importance qu’elles doivent maintenant aux travaux faits par l’Autriche depuis 1815, puis Ferrare et Ancône.

Mais quant à Mantoue, considérée à cette époque comme la clé de l’Italie, et qui, pendant plus de six mois, avait arrêté, en 1796 et 1797, l’armée victorieuse du général Bonaparte, la condition était toute différente.

« La forteresse de Mantoue, était-il dit, restera bloquée par les Français, qui se tiendront à 800 toises de l’esplanade. Il sera permis d’y envoyer des vivres pour la garnison, de dix jours en dix jours ; ils seront fixés à quinze mille rations de farine, quinze cents de fourrages, et les autres denrées à proportion. Les habitans auront la liberté de faire venir de temps en temps les vivres qui leur seront nécessaires, mais l’armée française sera libre de prendre les mesures qu’elle jugera convenables pour empêcher que la quantité n’excède la consommation journalière, qui sera calculée en raison de la population. »

Dans l’ordre chronologique vient ici un exemple qui a une autorité plus grande, puisqu’il est tiré d’un acte auquel la Prusse a pris part, et qu’il se rapporte à une époque dont le souvenir est particulièrement cher aux patriotes allemands, à la campagne de 1813.

A la suite des désastres de la retraite de Russie, la Prusse avait abandonné l’alliance de la France pour celle de la Russie ; les armées combinées des deux puissances avaient franchi l’Elbe. Au mois de mai, Napoléon, reprenant l’offensive, gagne les batailles de Lutzen et de Bautzen, et s’avance jusque sur le Haut-Oder ; mais là, aussi désireux d’avoir le délai nécessaire pour compléter ses immenses arméniens, que les Russo-Prussiens pouvaient l’être de laisser à l’Autriche le temps de se prononcer en faveur de la coalition, il consent à un armistice qui est signé le 5 juin 1813 à Pleisswitz par le duc de Vicence d’une part, et les généraux Schouvalof et Kleist de l’autre. Plusieurs places occupées par les Français avant la campagne de Russie, et situées dans le territoire reconquis par les alliés, étaient restées aux mains des soldats de Napoléon : c’étaient Zamosk et Modlin, dans le grand-duché de Varsovie ; Dantzick, aux bouches de la Vistule, place de premier ordre, et dont la garnison aux ordres du général Rapp était une véritable armée ; Stettin et Gustrin enfin, forteresses du Bas-Oder, appartenant à la Prusse, mais dans lesquelles la France avait conservé, depuis 1807, le droit de tenir garnison. Voici ce que l’armistice décide à leur égard : « Les places de Dantzick, Modlin, Zamosk, Stettin et Custrin seront ravitaillées tous les