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dans tout le corps un grand sentiment de malaise et de découragement, » et à constater que « l’avancement des membres du service de santé est plus lent que dans aucun corps de l’armée ; » il augmente le cadre par le décret du 23 avril 1859, qui coïncide avec la guerre d’Italie. Animé de dispositions beaucoup plus équitables, le maréchal Randon rétablit en 1860 l’assimilation des grades du service de santé avec les grades de l’armée, et réorganisa l’école de Strasbourg en 1864 à la veille de l’expédition du Mexique, Le corps de santé de la flotte reçut également en 1865 (décret du 14 juillet) une nouvelle organisation, et continua à être placé, dans de meilleures conditions, sous l’action propre de ses chefs. Enfin un nouveau règlement du service de santé militaire, qui porte la date de 1867 et la signature du maréchal Niel, a été promulgué trois ans après, à la fin d’août 1870, par les soins de l’intendance, pendant la campagne de France et lorsque les médecins étaient déjà tous rendus à leur poste. Le second empire a donc notablement amélioré les détails, mais il a passé encore, comme le premier, sans que rien ait été fait pour assurer à un aussi important service l’indépendance que réclament l’intérêt général, la dignité de la science et le dévoûment. A chaque guerre, on invoque, on exalte ceux que l’on nomme pompeusement les anges gardiens du soldat malade, après la guerre, ils sont regardés comme les agens coûteux d’un service presque inutile.

Quelle est la part exacte à faire au corps de santé militaire et à l’intendance dans une meilleure organisation de l’armée ? C’est aux hommes compétens à résoudre cette question. Déjà le général Trochu a indiqué les bases d’une réforme de l’intendance dans son excellent écrit sur l’armée française. Je me garderai bien de rabaisser les services laborieux de l’intendance militaire, surtout dans un moment où ses membres, exposés à tant d’attaques, les dédaignent pour redoubler d’efforts patriotiques. En France, lorsque deux administrations sont en lutte, on a coutume de donner alternativement raison à l’une, puis à l’autre, de sacrifier tantôt le vaincu, tantôt le vainqueur, en sorte que tout est sans cesse à recommencer.

Le corps des médecins, chirurgiens, pharmaciens, est en effet divisé en deux parties, — ceux qui sont adjoints aux troupes et ceux qui sont attachés aux hôpitaux, ambulances, dépôts de médicamens, écoles de santé ; mais tous les médecins envoyés dans les régimens ont passé par les écoles et presque tous par les hôpitaux. Or l’autorité absolue, l’autorité du ministre de la guerre lui-même, est déléguée, d’après les termes précis du décret du 28 mars 1852, à l’intendance militaire pour tout ce qui concerne les hôpitaux, et aussi pour le personnel auxiliaire requis en temps de guerre. Le conseil de santé