Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 90.djvu/495

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les allocations demandées ne furent que de 67,750,000 liv. st., tandis que les recettes, basées sur les résultats de 1862, étaient évaluées à 71,500,000 liv., dépassant ainsi de 3,750,000 liv. les besoins probables. Cet excédant permettait donc d’opérer aussi une réduction sur les impôts, et M. Gladstone, se conformant au vœu exprimé par le parlement dans sa précédente session, avait recherché quels étaient ceux dont l’allégement serait le plus utile. Tous les droits indirects qui pouvaient être une entrave à l’activité du commerce et de l’industrie, ainsi que tous les droits dits protecteurs, avaient été supprimés, et les taxes qui existaient encore n’avaient été conservées que dans un intérêt purement fiscal. Parmi ces dernières, celles qui frappaient le thé et le sucre avaient été aggravées à l’occasion de la guerre de Crimée, et cette aggravation, maintenue depuis lors, n’avait pas empêché, comme il a été dit plus haut, la consommation de ces deux denrées de s’accroître ; mais il était juste, dès que la situation du trésor permettait de faire une nouvelle remise, que les surtaxes établies en 1852 fussent les premières à disparaître. Néanmoins, pour que la réduction agît d’une façon plus sensible sur le commerce et sur la consommation, M. Gladstone pensa qu’il convenait d’en faire profiter exclusivement l’une des deux denrées surchargées. C’est au thé qu’il donna la préférence, d’abord parce que le droit perçu sur cet article était de 100 pour 100 de la valeur, tandis que celui sur le sucre n’était que de 50, ensuite parce que la somme du sacrifice que l’état pouvait faire abaisserait ce dernier de 8 pour 100 seulement, et le prix du thé de 14. Il proposa donc de réduire le droit sur le thé de 1 shilling 5 deniers à 1 shilling, et le résultat de cette mesure devait être pour le consommateur une décharge de 1,800,000 liv. st., réduite pour le trésor à un sacrifice de 1,300,000 livres à raison d’un accroissement plus que probable de consommation. L’impôt direct devait avoir également sa part de remise, et sur le choix à faire aucune hésitation n’était possible. L’income-tax était toujours à 9 deniers, et en exprimant l’avis qu’il devait être ramené à 7 M. Gladstone demanda aussi que les revenus de 100 à 200 liv. st. fussent imposés au même taux que ceux au-dessus, en déduisant sur chacun d’eux une somme de 60 liv. Les conséquences de cette modification devaient être d’une part une diminution de 300,000 liv. sterl. au profit des petits revenus, et de l’autre pour la régie une simplification dans les opérations concernant l’assiette de la taxe. Ainsi une réduction de 2,300,000 liv. sterl. était faite sur l’income-tax, réduction qui, ajoutée à celle demandée sur le thé, portait la perte de revenu pour le trésor à 3,600,000 liv. st. ; mais, pour égaliser la condition de divers commerces et industries, quelques élévations de droit étaient réclamées sur la chicorée, sur les liqueurs