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années de guerre, ne sont pas non plus tout à fait des années de paix, et durant lesquelles il leur est impossible de subvenir aux charges qui les grèvent : avec le seul produit des taxes ordinaires. Telle était la période par laquelle depuis 1859 venait de passer l’Angleterre. Les expéditions de Chine et de la Nouvelle-Zélande ne pouvaient être considérées comme l’ayant mise en état de guerre, elle était en paix avec ses voisins d’Europe, et cependant en présence des arméniens qui s’effectuaient sur le continent elle n’avait pu rester inactive. Elle avait dû, ainsi que nous l’avons dit, transformer son armée et sa marine, fortifier ses côtes, et, outre les entreprises lointaines dont nous venons de parler, elle avait dû faire un envoi extraordinaire de troupes au Canada. Toutes ces dépenses justifiées par des raisons d’intérêt national, avaient atteint déjà le chiffre de 20 millions de liv. sterl., et il y avait été pourvu au moyen d’une aggravation de l’income-tax, d’une augmentation du droit sur les spiritueux, et du maintien des anciennes surtaxes de guerre sur le thé et sur le sucre ; mais l’opinion publique, après avoir donné son adhésion à ces diverses mesures, demandait avec instance un prochain retour au budget de paix. Aussi, tout en acceptant celui qui lui était proposé pour 1862, le parlement crut-il devoir adopter une résolution par laquelle il déclarait que le poids des impôts était beaucoup trop lourd, et que, bien que disposé à ne refuser aucune des allocations nécessaires pour garantir la sécurité et l’honneur du pays, il croyait devoir inviter le gouvernement à faire ses efforts pour diminuer les charges du peuple. En sa qualité de premier ministre, lord Palmerston donna son assentiment à cette déclaration, et le cabinet dut se mettre en mesure de remplir l’engagement pris par son chef.

Des économies purent déjà être réalisées sur les allocations de 1862 ; les dépenses de cet exercice ne s’élevèrent qu’à 69,300,000 liv. st., restant ainsi inférieures de 750,000 liv. aux prévisions. Dans les recettes, il y eut augmentation de 550,000 liv. sterl. sur les douanes, dont le produit, complètement retrouvé, atteignit celui de 1859, — de 400,000 liv. sur l’income-tax, par suite d’un nouveau recensement des revenus, et de 700,000 liv. sur le timbre et les recettes diverses ; mais d’un autre côté aux souffrances que la disette du coton avait continué d’entretenir dans le Lancashire étaient venues se joindre celles que trois mauvaises récoltes avaient infligées à l’Irlande. La consommation des boissons fortes et de celles de luxe avait baissé encore, et il en était résulté une diminution de 1 million de liv. dans les produits de l’excise. Néanmoins les recettes dépassèrent en somme les évaluations premières de 600,000 liv., et le budget se solda avec un boni de 1,300,000 liv. De nouvelles et plus larges économies ayant été reconnues possibles pour 1863,