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sterl., y compris 2 millions de liv. sterl. avancés à la Sardaigne, et qui ne devaient être remboursés que dans quarante ans. Il avait été pourvu à cette dépense avec les trois emprunts de 26 millions de liv. sterl. contractés en rentes perpétuelles, avec le produit des deniers extraordinaires de l’income-tax, soit 30 millions de liv. sterl., avec celui des surtaxes de l’excise et des douanes, soit 10 millions de liv. sterl., et les 10 millions de liv. sterl. de surplus avaient été obtenus par des émissions de bons et billets de l’échiquier. Et cependant, malgré cette charge extraordinaire acquittée dans l’espace de trois années, grâce à la politique commerciale inaugurée en 1842 et maintenue pendant les hostilités, la richesse nationale n’avait cessé de s’accroître. Ainsi la valeur des exportations, qui en 1853 avait été de 99 millions de liv. sterl., s’était élevée à 115 millions de liv. sterl. ; l’importation des cotons bruts, principal aliment des manufactures anglaises, était montée de 756 millions de liv. sterl. A 880 millions de liv. sterl., soit de 344 millions de kilogrammes à 400 millions de kilog., et il n’était pas douteux que dans des conditions pareilles l’Angleterre n’eût pu encore soutenir longtemps la lutte ; mais, après avoir fait tous les sacrifices qui lui avaient été demandés, il tardait au pays d’être déchargé des surtaxes de guerre et surtout des 9 deniers supplémentaires de l’income-tax. Une agitation contre ces 9 deniers, against the war nine pence, fut organisée, et partout des associations se formèrent pour en demander la suppression immédiate, ainsi que celle de la taxe elle-même à partir de 1860. Dès l’ouverture de la session de 1857, les principaux membres du parlement se firent les organes du sentiment public à cet égard, et dans le cours de la discussion de l’adresse, discussion consacrée d’habitude aux questions de politique extérieure, M. Disraeli annonça le projet de soumettre à la chambre des communes une série de résolutions ayant pour objet de supprimer les taxes de guerre, et d’assurer, en ce qui concernait l’income-tax, la réalisation du programme arrêté en 1853. M. Gladstone déclara également qu’il fallait en finir avec cet impôt, admirable instrument sans doute pour faire face aux circonstances extraordinaires, mais instrument dangereux à conserver en temps de paix. Toutefois, fit observer à son tour lord John Russell, les décharges demandées sur les divers impôts n’étaient possibles qu’à la condition d’une réduction importante dans les dépenses de l’armée et de la marine, et il reproduisit les considérations déjà présentées l’année précédente sur ce grave sujet par M. Disraeli. L’habitude constante de ce pays, ajoutait-il, habitude à laquelle les plus grands ministres ont tous donné leur sanction, a été de n’avoir en temps de paix qu’un état militaire fort restreint, et, bien que généralement on se soit plaint dans la