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5,500,000 livres sterl. En revanche, par suite d’une mauvaise récolte qui diminua la fabrication du malt, par suite de l’incertitude que jetèrent dans le commerce des vins de longues et infructueuses négociations entamées avec le Portugal, et aussi parce que la surtaxe établie sur les spiritueux irlandais ne donna pas les résultats espérés, les produits de l’excise et de la douane restèrent pour 1842 inférieurs de 2,300,000 liv. sterl. aux évaluations premières. Aussi ce fut à peine si les 1,330,000 liv. sterl. d’excédant de l’income-tax et 870,000 liv. sterl. montant d’un tribut payé par la Chine, tribut sur lequel on n’avait pas d’abord compté, parvinrent à combler le déficit de l’exercice. En 1843 au contraire, aucune circonstance défavorable ne vint déranger les prévisions, et 1,400,000 liv. st. d’excédant de recettes permirent à Robert Peel de libérer l’échiquier d’une partie de ses engagemens envers la Banque. La situation fut meilleure encore en 1844 ; le commerce et l’industrie avaient pris un plus grand développement, la rente était montée de 89 liv. st. A 99 liv. st., la balance en faveur de l’échiquier s’était élevée de 1,400,000 liv. st. à 4,700,000 liv. st., et ses billets, émis à l’intérêt de 2 liv. st. 4 shillings pour 100 seulement, se négociaient sur la place avec une prime de 3 liv. st. 13 shillings pour 100. Robert Peel se crut alors assez fort pour tenter une autre entreprise, celle de réduire la rente 3 1/2 pour 100 à 3 1/4 pour 100 jusqu’en 1854, et à 3 pour 100 à partir de cette dernière époque, — mesure excellente qui fut couronnée d’un plein succès, et qui, sans aucune augmentation de capital, devait procurer au trésor une économie annuelle d’abord de 625t000 liv. st., puis de 1,250,000 liv. sterl. au bout de dix ans.

Les recettes de 1844 avaient dépassé les dépenses de 5 millions de liv. st., et c’était au 1er avril 1845 qu’expirait la période pour laquelle avait été établi l’income-tax. En admettant que cet impôt ne fût pas renouvelé et en prenant pour base du budget de 1845 les autres résultats de l’exercice précédent, les recettes devaient s’élever à 48,500,000 liv. st. et les dépenses à 48,700,000 liv. st. L’insuffisance n’était donc que de 200,000 liv. st., et l’équilibre du budget pouvait être considéré comme rétabli. La marine, il est vrai, réclamait pour l’accroissement de la flotte un supplément extraordinaire d’un million qu’il eût été facile de se procurer par des moyens de trésorerie ; mais le trésor commençait alors à ressentir les heureux effets de la réforme fiscale de 1842. Sur les 1,200,000 liv. sterl. abandonnées à cette époque, on avait déjà retrouvé 800,000 livres, et il était probable qu’au bout de cinq années la compensation, ainsi que l’avait prévu sir Robert Peel, serait complète. En présence d’un pareil résultat, le ministre pensa qu’il y avait tout intérêt à continuer sur une plus large échelle l’expérience commencée