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nutritifs que 11k,500 d’avoine. Un mélange de mais et d’orge, remarque M. Liguistin, qui en a bien étudié les résultats en Amérique, constitue une nourriture qui participe des propriétés nutritives de l’un et de l’autre de ces alimens. Les chevaux de l’état-major général de l’armée, qui appartenaient à différentes races et étaient tous d’un grand prix, n’ont pas reçu d’autre nourriture. Ils ont conservé une énergie, une force, une vigueur et une santé qui leur ont permis de supporter les plus rudes fatigues. Antérieurement Humboldt et M. Boussingault avaient constaté qu’au Mexique des mulets et des chevaux nourris au mais et à la paille pouvaient suffire à un travail au trot que nous considérons comme excessif. Ce mélange contient une quantité de carbone plus considérable que celle fournie par le foin et par l’avoine. Or un excès de ce corps n’a jamais des inconvéniens pour la santé, tandis qu’un mélange qui contiendrait un excès d’azote peut déterminer de graves accidens.

Les principes plastiques ou principes azotés sont surtout des matériaux de construction. Une fois que la croissance de l’animal est terminée, et quand ils ne servent pas à créer des produits spéciaux, lait, fœtus, etc., ils n’ont qu’un emploi limité à l’entretien des organes, et, s’ils sont pris en excès, ils restent en circulation dans le sang, dont ils doivent modifier les propriétés, tandis que les principes respiratoires ou hydrocarbonés sont des produits de consommation : ils sont constamment employés, usés, en grande quantité. S’ils sont pris au-delà de ce que les besoins des animaux exigent, ils se déposent dans un tissu destiné à les recevoir, et, sans qu’il en résulte aucun dérangement fonctionnel, ils restent comme en réserve entre les organes. Il y a incontestablement profit à faire dépenser en travail tout le carbone et l’hydrogène disponibles de la nourriture ; mais, si ces deux corps ne sont pas immédiatement brûlés, ils restent en dépôt sous forme de graisse, ils sont en disponibilité pour fournir à la respiration dans le cas où une nourriture insuffisante en rendrait l’utilisation nécessaire.

Depuis que la compagnie des omnibus de Londres compose les rations de ses chevaux avec un mélange d’alimens riches en azote et d’alimens riches en carbone, avec des légumineuses, du mais et de l’avoine, elle obtient des résultats excellens. « Dès le commencement de l’été, est-il dit dans un compte-rendu de cette compagnie pour 1868, il devint évident que, si le système de nourriture adopté par la commission et en général par les propriétaires d’omnibus à Londres était continué, une grande augmentation dans les dépenses de fourrages était inévitable. Une enquête minutieuse et des expériences furent faites pour constater la possibilité d’un plus grand usage de mais sans dommage pour la santé des chevaux. » Cette expérience a parfaitement réussi. Une économie de 131,987 fr.