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alimentaire doit être assimilée par les organes et former de la chair musculaire ou de la graisse, comme chez les jeunes sujets et les bêtes à l’engrais ; tantôt on veut en obtenir un produit spécial qui sort de l’économie, comme le fait chez les vaches laitières et toutes les femelles qui allaitent ; tantôt enfin elle sert à produire la force mécanique qui fuit agir les muscles. Il n’est donc pas rationnel de nourrir avec des alimens de même composition, de même nature, le cheval que l’on élève et celui que l’on fait travailler, ni la vache laitière et celle que l’on veut engraisser. De même que les muscles, le fait est un produit essentiellement azoté. Aussi tous les alimens riches en principes albuminoïdes, les foins des légumineuses, les farines de fèves, d’orge, sont les alimens types pour les vaches laitières et pour les élèves de toutes les espèces. Les animaux qui travaillent usent surtout du carbone, et ne peuvent suffire à leur service que s’ils sont nourris avec des alimens riches en principes immédiats hydro-carbonés.

La pratique, l’observation, ont fait choisir pour la nourriture du cheval et ont rendu d’un usage général trois alimens : le foin des prés naturels, l’avoine et la paille. Sans se rendre compte du pourquoi de leurs bons effets, on les emploie presque exclusivement, et les animaux s’en trouvent très bien. À quoi doivent-ils leurs qualités ? Notons d’abord que le foin et l’avoine sont très riches en carbone proportionnellement à leur azote, ensuite qu’ils contiennent dans la même proportion les principes albuminoïdes, les principes saccharoïdes et les corps gras, en troisième lieu que l’on s’expose aux plus graves mécomptes quand on les remplace, pour la nourriture du cheval qui travaille, par d’autres alimens plus riches en principes azotés. Nous demanderons après s’il n’est pas logique d’admettre qu’ils contiennent les principaux élémens nutritifs en quantités convenables pour satisfaire aux besoins de l’économie, et engendrer la force mécanique qui est le produit utile du cheval, si enfin on ne peut pas les considérer comme les alimens types pour le cheval qui travaille ? Toutefois le foin et l’avoine, en raison même de leur usage presque universel, sont de tous les alimens ceux qui font payer l’azote et le carbone au plus haut prix, même dans les années normales, à plus forte raison cette année, pendant laquelle ils ont été si impressionnés par la sécheresse du printemps. En général, le foin fait payer l’azote qu’il fournit 7 ou 8 francs le kilogramme, et l’avoine 12 ou 13 francs ; tandis que le foin des légumineuses fournit ce corps à 4 ou 5 francs, la féverole à 5 francs, le maïs et le sarrasin à 7 francs, le seigle et l’orge à 10 ou 11 francs. Le carbone, qui est payé 64 centimes le kilogramme quand il est fourni par l’avoine, revient à 36 centimes seulement quand on le