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par des hangars ou des toits en chaume. On les emplit avec des couches alternatives de paille hachée (10 centimètres) et de feuilles de betteraves (15 centimètres). Le tout est exactement pressé et assaisonné par à ou 5 kilogrammes de sel pour 100 kilogrammes de feuilles. On n’y met les feuilles que lorsqu’elles sont bien égouttées, qu’elles ne sont mouillées ni par la pluie ni par la rosée. On ferme le tout exactement avec du mortier. S’il se produit des crevasses, on les bouche avec soin. En hiver, on prend le mélange par tranches verticales pour ne pas laisser de larges surfaces exposées à l’air. Ce procédé de conservation, cet ensillage, s’appliquerait à tous les végétaux verts, aux feuilles d’arbres que l’on a cueillies à la main ou en brindilles, lesquelles sont moins faciles à dessécher et à conserver que celles qui adhèrent à de fortes branches et qui constituent des feuillards ; on peut surtout l’employer en automne, si le temps est pluvieux, pour conserver des produits qu’il ne serait pas possible de faire faner. Ainsi, lorsqu’on sème des fourrages d’été jusqu’en septembre, il peut arriver, et cela est surtout à désirer cette année, qu’on en ait un excès, excès qui rendrait les plus grands services en hiver, si on prenait soin de le conserver.

Nous avons conseillé de faire consommer par le bétail beaucoup de produits que l’on emploie ordinairement pour faire la litière. Il faut cependant songer au bien-être des animaux et à la production des engrais. Pour remplacer les pailles que nous ferons entrer dans les rations, nous aurons les gazons et les bruyères des terres vagues et des landes, le buis, le myrtille et autres arbustes, la terre même desséchée, le sable ramassé sur les routes, la sciure de bois ; nous aurons surtout les feuilles qui tombent naturellement des arbres. Généralement elles sont perdues. Le vent les pousse dans les ravins, et l’eau les entraîne. Mêlées aux éteules ramassés après le déchaumage, au chiendent que la herse enlève après les labours, elles forment une litière qui sans doute conviendrait peu aux bêtes à laine et aux chevaux de luxe, mais qui est excellente pour les porcs, pour les vaches à lait et les bœufs à l’engrais, comme pour les attelages de labour et pour les élèves.

Parmi les produits que l’on a nouvellement introduits dans l’alimentation des animaux, nous rappellerons les cosses des graines de cacao et les radicelles de l’orge germée. Les cosses de cacao sont dures, cassantes, et ont une odeur suave qui rappelle le produit dont elles proviennent. Elles sont assez riches en azote, et contiennent très peu d’eau, mais beaucoup de ligneux et de matières minérales. Jusqu’ici, elles ont été utilisées le plus souvent comme combustible dans les usines ou l’on prépare le chocolat. Cependant depuis longtemps les pauvres gens des Pays-Bas, de l’Irlande, etc., les traitent par l’eau ou par le lait, et en prennent l’extrait sucré en guise