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pas dégager une seule bulle de gaz. La cloche fut portée alors à la lumière diffuse, hors de la cabane. Le soleil ne brillait pas, mais le dégagement de gaz eut lieu à l’instant avec une grande rapidité. Biot s’étonne quelque peu du résultat et conclut que la lumière artificielle est impuissante à faire ce que fait la lumière solaire. Les travaux de M. Prillieux et d’autres botanistes contemporains ont établi que toute lumière agit sur la respiration des plantes, mais à la condition de n’être pas trop vive. Dans le cas de Biot, la lumière artificielle est restée inactive, parce qu’elle était beaucoup trop intense.


III

Lavoisier dit quelque part : « L’organisation, le mouvement spontané, la vie n’existent qu’à la surface de la terre, dans les lieux exposés à la lumière. On dirait que la fable du flambeau de Prométhée était l’expression d’une vérité philosophique qui n’avait pas échappé aux anciens. Sans la lumière, la nature était sans vie : elle était morte et inanimée. Un dieu bienfaisant, en apportant la lumière, a répandu sur la surface de la terre l’organisation, le sentiment et la pensée. » Ces paroles sont très vraies dans le fond. Toute activité organique fut bien évidemment à l’origine empruntée au soleil, et si depuis la terre a emmagasiné, s’est approprié une quantité d’énergie suffisante pour engendrer quelquefois d’elle-même ce qui procéda au début de l’incitation solaire, il ne faut pas perdre de vue que ces forces vives, aux aspects mouvans et compliqués, quelquefois nos impitoyables ennemies, souvent nos humbles servantes, sont descendues et descendent toujours sur notre planète de l’astre inépuisable. L’étude de la vie animale nous montre dans des exemples saisissans l’efficacité physiologique de la lumière, et cette sorte de chaîne immatérielle qui suspend les êtres au foyer incandescent et fécond de l’univers connu.

Chez les plantes, nous l’avons vu, la respiration nocturne est l’inverse de la respiration diurne. Il existe des infusoires qui se comportent, sous l’influence de la lumière, absolument comme les parties vertes des plantes. Ces animalcules microscopiques se développent dans les eaux stagnantes lorsqu’il fait beau, et y respirent en produisant de l’oxygène aux dépens de l’acide carbonique contenu dans le liquide. MM. Morren ont vu que l’oxygénation de l’eau déterminée par ces petits êtres varie très sensiblement dans l’espace de vingt-quatre heures. Elle est à son minimum au lever du soleil, et atteint son maximum vers quatre heures du soir. Si le temps se couvre ou si les animalcules disparaissent, le phénomène