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verrons avec le temps la suite de cette tentative, dont le succès est infiniment désirable, particulièrement pour ce qui est de la coopération personnelle. Jusqu’ici, et depuis 1793 tout autant pour le moins qu’avant 1789, les gouvernemens qui se sont succédé parmi nous ont cru qu’il était dangereux pour leur autorité que les citoyens pussent se rapprocher et mettre en commun leurs idées et leur argent. On a redouté l’initiative même des individus isolés. Il n’est pas hors de probabilité que ces offres si généreuses, si patriotiques, si chrétiennes, rencontrent de la résistance dans quelques-uns des rouages administratifs. La bureaucratie a contracté l’habitude de tout faire ; il lui déplaît que les citoyens, dont c’est pourtant le droit, veuillent s’ingérer dans la gestion des affaires de la grande communauté française, et elle invoque pour cela des règlemens qui sont le plus souvent son propre ouvrage. Si le cas se présentait, nous comptons sur la même intervention supérieure qui, dans l’hiver de 1855-56, écarta définitivement les obstacles devant lesquels échouaient les pressantes recommandations des autorités médicales en faveur de nos troupes de Crimée, dévorées par la maladie, et qui fît laisser le champ libre à leur zèle éclairé et à leur noble dévoûment.


MICHEL CHEVALIER.