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époques de la guerre. Très considérable pendant la première année, elle a été en décroissant grâce aux soins intelligens qui furent prodigués aux soldats. Ce fut ainsi que les fléaux les plus destructeurs, le scorbut, la pourriture d’hôpital et le typhus, qui faisaient tant de ravages ailleurs, furent à peu près inconnus parmi les troupes anglaises pendant l’hiver de 1855 à 1856. Durant cette période, les hôpitaux français au contraire reçoivent 12,800 scorbutiques, dont il meurt 964, et 19,063 hommes atteints du typhus, dont 10,278 succombent. Pendant le même temps, l’armée anglaise avait des uns et des autres un total de 240 malades dont il n’est mort que 17. Encore parmi ceux qui ont survécu de ces nombreux malades français, combien dont la santé a été profondément altérée pour le reste de leurs jours !

Peu de temps après, en 1859, éclate la guerre d’Italie. Les événemens de la guerre n’ont duré que quelques semaines, il y a eu cependant beaucoup de tués, parce qu’il s’est livré plusieurs batailles acharnées entre deux armées vaillantes. Les tués, blessés et disparus dans l’ensemble ont été évalués à 63,000 environ, dont 17,775 Français, 6,575 Piémontais, et 38,650 Autrichiens. Là-dessus, le nombre des morts n’a pu être exactement déterminé. Quant aux maladies, quoiqu’on fût dans un pays à proximité de la France et offrant par lui-même d’abondantes ressources en tout genre, elles firent, pendant l’occupation et au retour, de nombreuses victimes parmi nos soldats ; suivant le docteur Larrey, qui dirigeait le service médical, la mortalité qu’elles causèrent « semble avoir dépassé, pour notre armée, le nombre des hommes tués sur le champ de bataille. »

Une autre guerre bien plus longue et bien plus meurtrière a été celle de la sécession en Amérique, d’avril 1861 à avril 1865. Le nord a successivement appelé sous les armes au-delà de 2 millions 1/2 de soldats ; mais il ne paraît pas en avoir jamais eu plus de 600,000 présens au même instant sous les drapeaux. Le sud en a successivement levé 1,100,000. Les calculs les plus dignes de foi apprennent que le nord a perdu 97,000 hommes par le fer ou le feu et 184,000 par les maladies ; le sud a eu 630,000 hommes hors de combat, sur quoi les morts paraissent avoir été de 500,000. La proportion due aux maladies de ce côté a été beaucoup plus considérable que du côté du nord, parce que les soins prodigués à l’armée du nord ont fait défaut dans les troupes du sud, dont le gouvernement était très pauvre.

Enfin dans la campagne de 1866 en Bohême, entre les Autrichiens et les Prussiens, les relevés statistiques ont porté, pour l’armée victorieuse, le nombre des morts par les événemens de guerre à 4,450 ; les morts par le typhus et les autres maladies