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LA
QUESTION OUVRIERE
AU DIX-NEUVIEME SIECLE

IV.
LE ROLE DE LA BOURGEOISIE DANS LA PRODUCTION[1].

S’il est un reproche que l’on puisse adresser à notre siècle, ce n’est assurément pas de refuser son intérêt au sort des populations ouvrières. Chacun aujourd’hui étudie leur situation et cherche les meilleurs moyens d’améliorer leur destinée. Tous les projets qui tendent à ce but et qui semblent réalisables sont assurés de rencontrer là faveur et l’appui du public. Il n’est pas de combinaison ingénieuse qui n’ait été ainsi mise au jour, appliquée sur une échelle plus ou moins vaste et qui n’ait eu son heure de vogue ; mais il y a dans tous ces plans de réforme et de palingénésie une part irréductible d’erreur qui, donnant lieu à des espérances démesurées, : amène presque toujours à court délai de pénibles déceptions. A force d’examiner l’état des travailleurs manuels, on finit par perdre de vue les autres parties de la société. L’on conçoit pour les premiers une sorte de progrès isolé, un mode spécial et hâtif de perfectionnement. Ces études unilatérales et exclusives conduisent à des théories que la pratique finit bientôt par condamner, et les engouemens les mieux

  1. Voyez la Revue du 15 mai.