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enfin les tubes nerveux. Ces derniers, qui constituent la plus grande partie des nerfs, ont un diamètre qui varie de 0m,01 à 0m,001. Mirbel écrivait en 1835 que les cellules ou utricules sont autant d’individus vivans, jouissant chacun de la propriété de croître, de se multiplier, de se modifier dans certaines limites, travaillant en commun à l’édification de la plante dont elles deviennent elles-mêmes les matériaux constituans. Il ajoutait, comme l’avait déjà exprimé Turpin en 1818, que la plante est ainsi un être collectif. On doit en dire autant aujourd’hui de l’animal. C’est un être collectif formé par l’agglomération des fibres, tubes et cellules que nous venons de caractériser. Nous ne sommes que des fédérations d’élémens anatomiques.

Jusqu’à M. Robin, on avait plus ou moins confondu les élémens anatomiques avec les tissus. On n’en avait précisé ni le rôle, ni les caractères biologiques. On avait expliqué les phénomènes sans remonter jusqu’à ces corpuscules, qui en sont le siège initial. Ce savant les a considérés pour la première fois comme devant former l’objet d’une branche spéciale de l’anatomie. De plus il a découvert un certain nombre d’entre eux qui avaient jusqu’alors échappé à l’investigation microscopique, à savoir : le périnèvre dans les nerfs, les médullocèles et les myéloplaxet dans la moelle des os ; il a dévoilé les attributions ignorées de plusieurs autres, tels que les leucocytes, les cellules nerveuses des ganglions, les divers épithéliums ; enfin il a répandu un jour nouveau sur l’histoire de tous en décrivant les particularités de leur naissance et de leur développement.

Rien de plus instructif et de plus attrayant que l’étude des élémens anatomiques. Ils sont invisibles à notre œil, mais ils ne sont pas moins les ardens foyers où brûle le feu de la vie. C’est en eux et par eux qu’elle commence et se constitue, c’est en eux que successivement apparaissent les attributs fondamentaux qui donnent lieu aux manifestations les plus élevées de l’existence animale. Véritables microcosmes, vivant chacun d’une vie propre et indépendante, ils sont doués de propriétés essentielles qui rendent compte de tous les actes vitaux. Leur composition en principes immédiats est très complexe. Elle est aussi mobile que leur structure est délicate. Soumis à une rénovation moléculaire continuelle, assimilant sans cesse de nouveaux matériaux et sans cesse se débarrassant d’une portion de leur substance, ils sont dans un état de métamorphose permanente. Ce renouvellement perpétuel est précisément la nutrition, caractère absolu des êtres organisés. Point de vie sans nutrition. L’humble vibrion se nourrit comme le mammifère le plus perfectionné, la plus infime moisissure comme le cèdre gigantesque. Toutes les autres propriétés des corps vivans sont subordonnées à