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À cette somme il faut ajouter les avances de la trésorerie de Londres, qui s’élevaient à 5,507,020 liv. sterl, ce qui élève le découvert à 9,290,129 liv. sterl. En additionnant les déficits des quatre années qui venaient de s’écouler depuis la révolte, on arrive à un total de 38,410,755 liv. sterl. Pour rétablir la balance, le gouvernement de Calcutta avait toujours recours aux moyens faciles des emprunts, lesquels montaient déjà à près de 100 millions de livres sterling.

L’on trouvera peut-être étrange qu’une guerre qui n’a duré que deux ans à peine ait créé dans les finances de l’état un déficit aussi considérable. Loin d’y apercevoir un criminel gaspillage, le ministre des finances l’attribue aux principes de parfaite loyauté de lord Canning. Il n’y a pas une seule livre de riz consommée par les soldats, pas un seul service, quelque petit qu’il fût, qui n’ait été payé. Dans un moment de grande pénurie, on a eu recours à un emprunt forcé dans le Pundjab ; mais l’état l’a remboursé entièrement. Tous les hommes qui ont répondu à l’appel soit des particuliers, soit des autorités, et qui ont servi sous les drapeaux anglais, ont reçu régulièrement leur solde. Le gouvernement a défendu à ses armées de vivre aux dépens des habitans, même lorsqu’elles se trouvaient au cœur des pays révoltés. Aussi M. Wilson ne s’est-il nullement découragé en présence de ces énormes découverts. Après s’être rendu compte du mouvement du commerce, il a compris qu’il lui serait facile de trouver dans les recettes ordinaires la balance des dépenses. La somme des importations et des exportations suivait depuis vingt ans une marche progressive constante. De 14 millions, elle s’était élevée à 60. Les cotes irrécouvrables, qui présentaient en 1834 le chiffre énorme de 4 millions de livres sterling, ne figuraient plus sur le dernier budget que pour un chiffre insignifiant. Le ministre en conclut que le niveau du bien-être montait graduellement, et que le pays pourrait supporter sans peine les plus lourdes charges.

La première mesure qu’il prit parut d’abord étrange. Il rapporta les arrêtés du gouverneur-général, qui croyait enrichir le trésor en élevant les droits sur les marchandises à leur entrée comme à leur sortie de 5 à 20 pour 100. Cette erreur fiscale eut en partie l’effet d’une prohibition : au lieu de quadrupler, les revenus diminuèrent de moitié. Pout encourager la culture des produits indigènes propres à l’exportation, il supprima les droits à la sortie, et modifia l’assiette des impôts indirects de façon à ne pas nuire au mouvement général du commerce. A une mutation dans le système fiscal, il se proposait d’ajouter l’impôt sur le revenu et celui des patentes. Le premier descendait jusqu’au revenu de 200 roupies (500 francs environ), qui devaient payer 2 pour 100. A partir de ce minimum, l’impôt augmentait proportionnellement. Le conseil législatif vota