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modeste comme elle, se contenter de quelques réflexions générales, suivies de l’examen critique des systèmes les moins invraisemblables par lesquels on a cherché à expliquer ce qui finira peut-être par s’expliquer de soi-même. Résumons ce qui précède.

L’universalité d’une chaleur égale, mais non excessive, par tout le globe durant la plus grande partie des périodes anciennes, la persistance de cette élévation calorique à travers bien des modifications organiques et d’innombrables variations partielles, ressortent pour nous de l’ensemble des faits et particulièrement de l’étude des végétaux fossiles les mieux connus. En effet, les fougères en arbre du premier âge n’ont pas exigé une plus grande somme de chaleur que les cycadées et les pandanées du second âge, les palmiers et les bananiers du troisième. Pendant très longtemps, c’est-à-dire jusqu’au commencement du troisième âge, les végétaux observés au-delà du cercle polaire sont pareils à ceux de notre continent, et ceux-ci ne se distinguent pas de ceux de l’Inde. L’égalité est absolue, et l’élévation n’excède pas probablement 25 degrés centigrades en moyenne, 30 degrés au plus. Rien ne change à ces deux égards ; pourtant la lumière versée a dû être d’âge en âge plus vive et plus intense. A l’égale distribution de la chaleur accompagnée d’une lumière diffuse a succédé peu à peu une distribution de plus en plus inégale de la chaleur et de la lumière. Ainsi la nuit et le jour, l’hiver et l’été, auraient contrasté de plus en plus ; les latitudes et les climats se seraient différenciés et accentués toujours davantage, mais seulement à partir d’une certaine époque. Il est curieux de constater que cette époque est justement celle où les animaux à sang chaud ont commencé à se répandre et à se multiplier. L’incubation et la gestation ont chez eux, il faut le remarquer, pour but immédiat de procurer à leurs produits une période de chaleur égale et artificielle absolument indépendante de la variation des milieux. L’ovulation est au contraire à peu près toujours extérieure, et l’éclosion dépendante du climat chez les reptiles, dont le règne précède celui des mammifères. Chez eux aussi, la ponte marque ordinairement le terme des relations entre la femelle et ses petits.

La marche de tous ces phénomènes n’aurait rien d’obscur par elle-même, si l’on ne se demandait instinctivement la cause qui a pu les engendrer. Est-ce dans la terre même, est-ce dans le soleil1 ou dans l’espace qu’il faut la rechercher ? Nous avons vu que le climat se composait de plusieurs facteurs, et qu’il suffisait de la modification de l’un d’eux pour entraîner le changement de tous les rapports. D’ailleurs on conçoit qu’il ait pu exister autrefois d’autres coefficiens dont l’action combinée avec celle des premiers aurait cessé de se manifester depuis longtemps, et qui nous