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A la surface, la chaleur solaire est donc seule sensible. ; mais elle serait aussi rapidement dissipée pendant la nuit qu’acquise pendant le jour, si l’atmosphère n’en retenait une partie, ou, pour mieux dire, si l’enveloppe de gaz et de vapeur qui nous entoure ne s’opposait à la déperdition trop subite de la chaleur reçue. Plus l’enveloppe est dense, plus la déperdition est lente et graduelle ; plus elle est rare et subtile, moins elle met d’obstacle au rayonnement, et ce dernier effet se manifeste pour peu que l’on s’élève au-dessus du niveau de la mer. A une hauteur relative assez peu considérable, l’air n’absorbe plus qu’une faible quantité de chaleur solaire et la perd très rapidement. De là le froid des régions montagneuses. L’altitude suffit pour annuler tous les effets du climat ; seulement ces effets persistent plus ou moins, suivant que la température de la surface est plus ou moins chaude. Sous les tropiques, la limite des neiges éternelles est placée entre 4,800 et 5,500 mètres ; dans l’Europe centrale, elle commence à 3,000 mètres ; en Laponie, elle descend à 1,200 mètres, et s’abaisse dans le Spitzberg de manière à atteindre presque le niveau de la mer. Le froid polaire et le froid altitudinaire se confondent ainsi ; l’air, dans la zone glaciale, s’échauffe à peine au contact des rayons solaires, il n’y perçoit qu’une lumière dispensée par intermittence, absente durant une partie de l’année, oblique et sans intensité pendant l’autre partie. Cette succession incessamment répétée de lumière et d’obscurité, qui nous paraît si naturelle, s’efface graduellement vers le pôle, où les jours et les nuits, agrandis démesurément, se changent en deux saisons extrêmes, séparées par une série de crépuscules. Nous resterions surpris de l’annonce seule de ces phénomènes, si la géographie ne nous les rendait familiers dès l’enfance ; chez les Grecs du temps d’Hérodote, la notion légendaire en arrivait aux peuples des bords de la Méditerranée, pêle-mêle avec les fables les plus chimériques. On sait que la cause du climat polaire est due à l’inclinaison de l’axe terrestre sur le plan de l’orbite. Par le seul effet de cette inclinaison de l’axe qui reste parallèle à lui-même, c’est-à-dire qui garde une même direction immuable dans espace céleste, les jours et les nuits se succèdent, égaux à l’équateur seulement, faiblement inégaux jusqu’aux tropiques, de plus en plus inégaux à mesure que l’on s’avance vers les pôles ; les longs jours de l’été répondent exactement aux longues nuits de l’hiver, et l’hiver de l’un des deux hémisphères à l’été de l’hémisphère opposé, — tandis que dans l’intervalle qui sépare les deux saisons extrêmes viennent placer les