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UN CONGRÈS INTERNATIONAL.

d’introduire dans la science une hypothèse absolument gratuite et un arbitraire que doit repousser tout esprit quelque peu sévère. J’ai montré dans mes études sur le darwinisme que l’influence des ancêtres, si fréquente dans les races à la suite du métissage, ne s’est jamais manifestée jusqu’ici d’espèce à espèce chez les descendans d’un hybride. Admettons toutefois qu’elle puisse se manifester de temps à autre ; toujours est-il que parmi les arrêts de développement il en est un certain nombre qui sont incompatibles avec une vie indépendante. Évidemment ceux-ci ne sauraient être attribués à l’atavisme. On ne peut pas davantage en appeler à cette explication quand il s’agit des monstruosités doubles, de l’hermaphrodisme chez les mammifères, de la multiplicité tératologique de certains organes, etc. Dans tous les cas de cette nature, il faut chercher ailleurs la cause de la déformation tératologique.

Or une foule de travaux, parmi lesquels je citerai les observations et les expériences de Geoffroy Saint-Hilaire, les études importantes de M. Panum, les recherches si persévérantes et si remarquables de M. Dareste, nous ont dès longtemps renseignés sur ce point. Cet ensemble de données a mis absolument hors de doute l’action exercée par les agens extérieurs sur les embryons en voie de formation. Il est impossible de nier l’existence d’arrêts de développement dus soit à cette action, soit à quelque perturbation pathologique. Parfois l’une ou l’autre sont bien évidemment la cause des écarts les plus étendus, les plus considérables. À plus forte raison peuvent-elles en produire de plus faibles, de plus restreints, tels que la microcéphalie. Quel motif peut-on invoquer pour attribuer celle-ci à une autre cause ? En supposant que l’atavisme existe d’espèce à espèce, ce qui n’est pas, à quel signe en reconnaîtrait-on la présence et distinguerait-on les phénomènes qui lui sont dus de ceux qui reviennent aux actions perturbatrices ? N’est-il pas évident qu’on serait guidé uniquement par la convenance et les besoins d’une théorie entièrement hypothétique, et qui a contre elle tout ce que nous ont appris jusqu’ici l’expérience et l’observation ? — On le voit, dans cette application spéciale le darwinisme reparaît avec les caractères que nous lui avons trouvés partout ailleurs, et qui doivent le faire repousser en dépit de ce qu’il a de séduisant.

Au reste, le congrès ne s’est arrêté que peu de temps au problème encore insoluble des origines humaines. On vient de voir quelle abondance de matériaux appelait son attention sur des études plus accessibles, et devait lui faire sentir le prix du temps. De ces nombreux faits de détails se dégageaient de graves questions générales que nous pouvons seules aborder ici. Par exemple, on s’est demandé à diverses reprises jusqu’à quel point les coupes se-