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capitale, dont le moindre inconvénient était d’irriter les aspirations sans les satisfaire. Enfin, ajoutait M. Haussmann, « pour que nul parti politique ne fût tenté de chercher un moyen de protestation et de polémique dans l’organisation des communes limitrophes, la commission du corps législatif avait proposé elle-même par amendement que tous les conseils municipaux du département de la Seine fussent nommés également par l’empereur. Il était impossible que le législateur affirmât sa pensée avec plus de solennité et de persistance. C’est qu’en aucune matière il ne se prononçait avec plus de sagesse et de certitude. »

On se souvient du bruit que fit ce discours. La polémique, depuis longtemps déjà engagée sur l’organisation municipale de Paris, s’en empara avec une nouvelle ardeur ; la théorie des nomades et l’affirmation que Paris n’appartient pas aux Parisiens soulevèrent des orages qui ont fini par balayer la théorie et emporter l’affirmation. Que sont devenues la sagesse et la certitude de 1865 ? les hommes ont disparu, et les institutions prétendues définitives sont de nouveau mises à l’étude pour subir une réforme complète.

La première question à résoudre est celle de l’organisation du département de la Seine. Si l’on considère les charges qui résultent pour ce département du voisinage de Paris, si Von établit la proportion entre les ressources départementales proprement dites et les dépenses de même nature (telles que le service des aliénés et celui des enfans assistés, par exemple, qui, dans le département de la Seine, coûte près du tiers de ce que paie la France pour le même objet), on trouvera que la ville la plus riche de l’empire est située dans le département le plus pauvre. — Il y a donc équité stricte à ce que Paris intervienne dans les affaires du département, non-seulement pour le paiement des dépenses, mais encore pour l’administration ; aussi d’une part le préfet de la Seine est le véritable maire de Paris, et de l’autre les soixante membres du conseil municipal de la ville font partie en même temps de la commission départementale, qui se compose en plus de douze représentans de Sceaux et de Saint-Denis. Les soixante-douze membres sont en ce moment nommés par l’empereur, ainsi que les conseillers municipaux des communes suburbaines. On sait que celles-ci vont rentrer dans le droit commun, quel parti prendre pour la représentation du département lui-même ? Comment se fera la nomination du conseil-général ou de la commission départementale ? La confiera-t-on au corps législatif en même temps que celle des conseillers municipaux de Paris ? Avant tout, veut-on conserver le département de la Seine tel qu’il est ? On a souvent proposé de laisser la ville de Paris seule et de rattacher les arrondissemens de Sceaux et de Saint-Denis au département de Seine-et-Oise. Il paraît difficile, depuis