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la construction de l’Hôtel-Dieu) aux 12 millions 1/2 portés au chapitre des dépenses ordinaires des établissemens de bienfaisance. Avec d’autres secours de même nature, c’est un total de près de 19 millions qui vient grossir le budget particulier de la charité publique. A aucune époque, efforts pareils n’ont été faits. D’autre part, les lycées, les bâtimens scolaires, sont compris pour un chiffre important dans les sommes consacrées soit aux réparations, soit aux constructions nouvelles.

Après les dépenses de l’assistance et de l’instruction, viennent celles qui sont désignées sous la dénomination de service municipal des travaux publics, et dont l’ensemble pour 1869 s’élève à près de 25 millions. A ce service se rattachent toutes les améliorations obtenues dans la viabilité, la distribution de l’air, de l’eau et de la lumière aux habitans de Paris[1].

En résumé, le budget ordinaire de la ville révèle un souci très louable de tous les intérêts, un fonctionnement minutieux, exact, de tous les rouages administratifs, descendant jusqu’aux agens les plus inférieurs et réglant leurs moindres attributions, et c’est sans doute pour cette cause que dans la dernière session du corps législatif, qui vit retirer au préfet de la Seine le règlement du budget extraordinaire, on ne crut pas devoir changer le mode d’établissement du budget des dépenses ordinaires. Malheureusement, le principal article des recettes du premier étant formé par l’excédant des recettes du second, la manière d’établir celles-ci pèsera fatalement sur le règlement de celles-là. Le classement des dépenses est en outre bien souvent arbitraire ; est-il rationnel de dédoubler, comme on le fait, le service de la dette annuelle, — de mettre au passif du budget ordinaire le paiement des intérêts et au passif de l’autre budget l’amortissement ? N’y a-t-il pas aussi un défaut de logique à retrancher du budget ordinaire certaines dépenses obligatoires et à les porter au budget extraordinaire, c’est-à-dire à les faire figurer dans des dépenses qu’on doit pouvoir ajourner, si les ressources manquent ? Beaucoup de charges qualifiées d’extraordinaires sont vraiment obligatoires : il faut donc les acquitter coûte que coûte. On voit que, s’il importe peu qu’il y ait deux budgets quand ils sont préparés et réglés par la même main, on n’en saurait dire autant lorsqu’ils sont dressés par deux pouvoirs différens.

  1. En 1852, les voies publiques de Paris avaient une longueur de 384 kilomètres et une surface de 453 hectares. Les voies classées des anciennes communes étaient de 355 kilomètres sur une surface de 504 hectares. Aujourd’hui le réseau total est de 850 kilomètres et embrasse 4,220 hectares. Les trottoirs parcourent 1,088 kilomètres ; 100 kilomètres de promenade sont mis à la disposition du public, avec 25 squares et grands parcs.