Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 86.djvu/428

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1869, en une seule année, la longueur des conduites d’eau s’est accrue de 37 kilomètres, celle des galeries souterraines de 7 kilomètres 1/2, et l’étendue de la voie publique de 79[1], — qu’en 1870 la subvention payée à l’assistance publique, dont la dépense totale s’élève à Paris à 23 millions 1/2, se monte, avec tous les frais des établissemens de bienfaisance, à 12,435,000 francs. Chaque jour, on réalise des améliorations nouvelles, et l’on tente des expériences heureuses. Le système de secours à domicile pour les malades, pour les femmes en couches, pour les mères pauvres, se substitue de plus en plus au système du secours en commun, lequel désagrège la famille et favorise ces épidémies sur les femmes en couches et les nouveau-nés qui exercent dans les hôpitaux de si cruels ravages. L’histoire de l’administration de l’assistance publique à Paris serait un plaidoyer éloquent en faveur de la charité laïque, tant attaquée par une orthodoxie intolérante. — On ne contestera pas du moins à M. Haussmann et à ses collaborateurs les services rendus à l’instruction populaire. Déjà le gouvernement de 1830 avait beaucoup fait pour l’enseignement primaire, dont les dépenses pour la capitale seule s’étaient élevées de 140,000 francs en 1830 à 1,100,000 francs en 1847. Dans le premier budget réglé par M. Haussmann en 1852, nous les voyons figurer pour 1,300,000 francs, et dans le budget de 1869 l’instruction primaire est comprise pour 6,192,000 francs. Le rapport présenté au 1er janvier de cette même année par l’inspecteur de l’académie chargé de ce service a constaté la présence de 200,000 enfans dans les écoles du département de la Seine et l’ouverture de 140 établissemens nouveaux en une seule année, ce qui porte à 1,952 le total des écoles publiques et libres[2]. Ce n’est pas tout : pour mesurer l’ensemble des sacrifices faits en faveur de l’assistance et de l’instruction, il convient d’ajouter à ces chiffres les allocations correspondantes du budget extraordinaire : pour 1870, le préfet a proposé d’ajouter 6,600,000 francs (dont 5 millions pour

  1. L’étendue entière des conduites d’eau est de 1,200 kilomètres, sans compter l’aqueduc de la Dhuys qui en a 131 et celui de la Vanne 172. La distribution des eaux est de 250,000 mètres cubes par vingt-quatre heures, et pourra doubler. Le réseau des égouts est de 400 kilomètres.
  2. Une contestation singulière s’est élevée à ce sujet entre le préfet de la Seine et le conseil d’état. Le préfet, pour faire face à cette dépense, recourait à l’impôt spécial de 3 centimes autorisé par la loi du 15 mars 1850. Depuis treize ans, la cour des comptes n’a fait aucune objection contre la perception de cet impôt. En 1869, la section du contentieux au conseil d’état, sous prétexte que la loi précitée accorde seulement cette faveur aux communes dont les ressources sont insuffisantes, a déclaré illégale l’imposition des 3 centimes pour la ville de Paris, qui étale avec orgueil les excédants de son budget ordinaire. Le corps législatif devra intervenir et régulariser cette imposition dans le vote du budget extraordinaire.