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un membre du conseil, M. Rathbone, se divise en deux départemens, l’un pour les filles, et l’autre pour les garçons. Tous les élèves appartiennent évidemment à des familles de travailleurs ; il en est qui marchent pieds nus et qui sont couverts de haillons, Ont-ils compris que l’étude était pour eux un moyen de s’élever au-dessus de la triste condition de leurs parens ? Je l’ignore ; mais je fus touché de leur vaillante attitude dans les classes. Ils apprennent à lire, à écrire, à compter. Un examen oral qu’ils soutinrent en ma présence était à coup sûr très satisfaisant. L’heure de la récréation avait sonné ; les écoliers quittèrent leurs bancs avec ordre et sortirent de la salle en marchant sur une seule file. Au moment où j’entrais dans la cour, une troupe de musiciens choisie parmi les élèves eux-mêmes, les uns soufflant dans des instrumens de cuivre, les autres frappant sur une grosse caisse, joua l’air de la Marseillaise, qui fut suivi de God save the queen.

Un comité est aussi chargé de distribuer l’eau chaque jour aux habitans de Liverpool et de surveiller les établissemens de bains fondés par la ville (water and baths committee). Les réservoirs destinés Il contenir les eaux potables mesurent jusqu’à 9 milles anglais, et l’on se figure difficilement le caractère de grandeur qui s’attache à ces travaux d’utilité. La plupart des Anglais riches se baignent chez eux, et dans beaucoup de maisons tout ce qui regarde les soins de la toilette a été prévu par l’architecte ; mais il n’en est pas de même dans les logemens de la classe moyenne et des ouvriers. Le conseil de la ville, reconnaissant les droits de tous à la propreté, crut devoir établir des bains publics, dont le plus ancien (Saint-George’s baths) fut ouvert en 1822. Il existe maintenant à Liverpool quatre institutions de ce genre. L’édifice se divise en trois compartimens, et dans chaque classe se rencontrent un grand bassin pour nager (plunge bath), des baignoires d’eau froide ou tiède, une douche en arrosoir (shower baths), des bains de vapeur, etc. Chacun paie en entrant ; mais soit que le tarif des prix ne réponde point à l’ensemble des dépenses, soit que le nombre des baigneurs n’ait point été jusqu’ici assez considérable, l’entretien de ces établissemens impose à la ville quelques sacrifices[1]. Les services qu’ils rendent à la santé publique les défendent d’un autre côté contre les observations d’une étroite et jalouse économie. À ces bains sont attachés des lavoirs publics (wash homes) où, pour une faible rétribution, les femmes viennent blanchir leur linge. L’expérience a pourtant démontré que la classe en vue de laquelle de tels avantages

  1. Les bains de Cornwallis street ont coûté 2,828 livres sterling en 1867 ; ils n’ont rapporté que 2,282 livres sterling. Ceux de Paul street, de George pier head et de Margaret street accusent aussi un déficit.