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nance de Blois, constatant également que le mariage n’avait pas été consacré par le propre prêtre, et repoussant d’ailleurs le moyen qui résultait du défaut de consentement de l’empereur, l’abbé Rudemare conclut en déclarant « que le mariage entre l’empereur et roi Napoléon et Joséphine de Beauharnais devait être considéré comme nul et non valablement contracté, et que les parties devaient cesser de se regarder comme époux. » Le tribunal diocésain adopta. sur l’heure les conclusions de son promoteur. C’était maintenant le tour du tribunal métropolitain de donner son approbation confirmative à la sentence de l’officialité diocésaine. Il ne la fit pas longtemps attendre; elle fut libellée dès le. surlendemain. Devant cette juridiction supérieure, il arriva que l’archi-chancelier Cambacérès,-M. Guyeu, son mandataire, ou plutôt leur redoutable client. à tous deux, l’empereur Napoléon, se trouva avoir encore plus. raison que devant le tribunal du premier degré. Non content d’admettre les deux premiers moyens de cassation, l’official métropolitain fonda principalement son jugement sur le non-consentement de l’empereur, et, les premiers juges ayant déclaré, qu’en réparation de l’atteinte portée aux lois de l’église les parties seraient tenues de faire aux pauvres de la paroisse de Notre-Dame, une aumône dont elles fixeraient elles-mêmes le montant, le second tribunal réforma, probablement comme irrévérencieuse, cette dernière partie de la sentence diocésaine, et prononça qu’elle. serait annulée, regardée comme non avenue et n’ayant, jamais été écrite[1]. Il était impossible d’avoir plus complètement gain de cause.

Ainsi que nous l’avons établi, du jour où il avait résolu de s’allier à la maison impériale. d’Autriche, qu’il connaissait pour si fortement attachée à la religion catholique et quelque peu pointilleuse en matière d’orthodoxie, Napoléon avait tenu à ce qu’il fût procédé à la cassation de son premier mariage suivant toutes les formalités canoniques en vigueur dans l’église romaine. Il ne se faisait pas l’illusion de croire que les deux premiers cas de cassation invoqués par son archi-chancelier, l’absence du propre prêtre et le défaut de témoins, fussent. en eux-mêmes des moyens bien valables. Au moment où il destinait son grand-aumônier, le cardinal. Fesch, à bénir, sa prochaine union avec Marie-Louise, il était à tout le moins, bizarre, sinon dangereux, de le dénoncer comme n’ayant pas eu qualité pour consacrer celle qu’il avait précédemment contractée avec Joséphine. Quant à l’absence des témoins, c’était une inobservation, des règles ordinaires, mais qui

  1. Narration de l’abbé Rudemare. Voir les Pièces justificatives de l’Histoire du cardinal Fesch, par l’abbé Lyonnet.