Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 73.djvu/774

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

construits en bois et couverts en tôle ; les fenêtres du sud ne sont fermées que par des cadres de bois légers recouverts de percale blanche.

M. Le Verrier ne croit pas que la réverbération des murs exerce sur les observations de Paris une influence perturbatrice sensible. Quant à l’illumination de l’atmosphère à Paris, on peut en atténuer l’effet par le défilement des lumières dans les rues voisines. Il ne faut pas oublier d’ailleurs qu’à l’aide de la grande lunette méridienne on observe à Paris journellement des planètes de la 13e grandeur, et qu’avec le grand télescope qui se trouve aujourd’hui à Marseille M. Chacornac a pu voir à Paris le compagnon de Sirius, astre tellement faible qu’il confine à l’imperceptible. On sait aussi que depuis quelques années on a établi à Marseille une succursale de l’observatoire de Paris à laquelle seront abandonnées les recherches délicates qui exigent un climat plus favorable que celui de la vallée de la Seine. Ainsi à Marseille on pourra observer les nébuleuses, chercher des comètes télescopiques à peine visibles, exécuter peut-être des mesures d’étoiles doubles, etc. ; la découverte de deux planètes et d’une comète a déjà brillamment inauguré les travaux de la succursale. A Paris, on pourra continuer avec succès la révision du catalogue de Lai an de, l’observation méridienne des planètes grandes et petites, la formation des cartes célestes, l’étude des taches du soleil, les vastes entreprises météorologiques, les observations magnétiques, enfin tous les travaux de calcul et de théorie. Il serait donc possible de conserver l’Observatoire actuel et d’y effectuer encore une foule de recherches utiles et intéressantes. Avant de se décider à le déplacer, il faudrait s’assurer par des expériences ad hoc si réellement on gagnerait beaucoup par la création d’un autre établissement à quelques kilomètres seulement de Paris. Si la supériorité des observations faites dans ces nouvelles conditions était reconnue, la translation de l’Observatoire ne pourrait plus soulever d’objections sérieuses, car l’entretien de deux établissemens aussi coûteux que celui de Paris serait pour l’état une charge trop lourde et d’ailleurs inutile. La vente des terrains produirait, à ce qu’on prétend, 4 ou 5 millions, c’est-à-dire plus qu’il ne faudrait pour fonder un grand établissement astronomique, soit à Fontenay-aux-Roses, soit dans un autre endroit des environs de Paris. Espérons cependant que, si l’on se décide à renoncer aux palliatifs et à transférer l’Observatoire hors de Paris, on respectera le monument de Perrault, auquel il sera facile de donner une autre destination.


R. RADAU.