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Jamais le flambeau de la vie
Ne rayonna plus éclatant !

Jamais dans un air plus sonore
Ne s’entendit plus grand concert !
Voltaire, Buffon, d’Alembert,
Diderot ! et combien encore ?

Languir dans un pareil émoi,
Mourir d’ennui quand tout veut naître !
« Élargissez Dieu ! » dit un maître ;
Élargissez plutôt le roi !

Dissipez le noir crépuscule
Où sa pauvre âme se confond ;
Faites, en ce château profond,
Que l’air de la France circule !

Vivifiez, assainissez,
Qu’un souffle du dehors l’inonde ;
Qu’il aime quelque chose au monde,
Fût-ce son peuple ! C’est assez.

Élargir le roi ? Téméraire,
Qui prêcherait de tels exploits !
« Élargissez ! « disait la voix ;
On le rétrécit au contraire !

De jour en jour, du ciel ouvert
Il se retire davantage ;
Étiquette, jeu, tripotage,
Menus plaisirs, petit couvert,

Chiffons, pagodes et rocailles,
Retraits étroits où vivre seul !
C’était bon pour le grand aïeul
Ce vaste palais de Versailles !

Mais lui s’y perd dans l’abandon !
De là, près de la Seine bleue,
Sur les coteaux, de lieue en lieue,
Tous ces Choisy, tous ces Meudon.

S’amoindrir, faire la débauche
En gentilhomme libertin,