Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/703

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Exemple, où chaque couche ligneuse annuelle est accompagnée d’une zone de gros vaisseaux très poreux ; il est clair que plus les couches annuelles seront étroites et plus ces gros vaisseaux seront multipliés, plus par conséquent la résistance du bois se trouvera diminuée : des accroissemens annuels très épais, dus à une végétation vigoureuse, augmentent au contraire la force et la densité. C’est cette rapidité de végétation qui fait que les chênes pédoncules de la Normandie et des environs de Bayonne sont si appréciés pour les constructions maritimes. Dans les bois résineux, c’est l’inverse qui se produit, car ici une croissance rapide augmente la zone molle qui se forme au printemps et non la zone plus résistante due à la sève d’automne, en sorte que la densité, la richesse en résine, sont en raison inverse de l’épaisseur des couches ; c’est à la lenteur et surtout à l’égalité de la croissance que les pins du Nord doivent cette élasticité et cette force qui les font rechercher pour la mâture des vaisseaux. Le bois à fibre ondulée ou entrelacée est d’un travail difficile ; c’est quelquefois une qualité, mais le plus souvent c’est un défaut. L’orme tortillard, par exemple, est excellent pour le charronnage ; certains chênes à fibre contournée donnent des courbes de marine très estimées, parce qu’en se desséchant ils ne peuvent se gercer.

Les circonstances qui influent sur les qualités des bois tiennent soit à des causes naturelles, telles que la constitution géologique ou minéralogique du sol, l’altitude et la latitude, soit aux systèmes de culture employés, systèmes qu’on peut améliorer à son gré : ainsi le régime de la futaie, l’usage des éclaircies périodiques, l’adoption de longues révolutions, sont autant de circonstances qui permettent aux arbres de prendre tout leur développement et par conséquent de fournir des bois de bonne qualité.

Un catalogue très détaillé indique la densité respective des bois exposés et les usages auxquels ils sont employés. C’est ainsi que nous voyons mentionnés comme propres à la marine les diverses espèces de chênes, les ormes, dont on fait des membrures ; et les bois résineux qui servent aux bordages et aux mâtures ; dans les constructions civiles, nous retrouvons le chêne, cette essence si précieuse et utilisée de tant de façons, le châtaignier, le hêtre, qui depuis l’invention des procédés de conservation, fournit des traverses de chemins de fer, l’aune dont on se sert dans les travaux hydrauliques, le peuplier, dont on fait des charpentes légères ; puis viennent les résineux ; sapins, épicéas, mélèzes, qui tous donnent des bois de charpente de premier ordre. Les bois de menuiserie comprennent les mêmes essences, auxquelles il faut ajouter l’orme, qui sert aussi au charronnage, le charme, recherché pour les pièces