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UN MOT SUR LE PROJET
DE
REORGANISATION MILITAIRE


I

Il est de doctrine en économie politique que les vieux impôts, facilement perçus, doivent être respectés, et qu’il convient de s’abstenir le plus longtemps possible de toute taxe nouvelle, même ingénieusement combinée. L’impôt du sang ne doit pas échapper à cette règle. En regrettant que la belle loi de 1832, si heureusement entrée dans les habitudes de la nation, ait semblé insuffisante, nous reconnaissons que le projet de réorganisation militaire n’a pas été conçu sans prétexte.

La France, qui n’a pas mis en mouvement un seul bataillon, croit avoir subi en 1866 un des plus grands désastres de son histoire. Justement inquiète de l’avenir, persuadée qu’il lui faudra reconquérir les armes à la main son importance ou s’affaisser, elle s’est demandé si ses institutions militaires sont proportionnées aux exigences, aux périls de la situation. En réponse à la préoccupation générale, notre gouvernement, dont nous devons appuyer toutes les mesures capables de nous rendre notre sécurité et notre influence, a ordonné la fabrication de fusils se chargeant par la culasse, et réuni une nombreuse commission dite de défense nationale.

Sur le premier point, rien à contester. Sans considérer le fusil à aiguille, ce médiocre engin de guerre, beaucoup trop vanté, comme la cause principale des victoires de la Prusse, reconnaissons