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oscillaires. Elles s’agitent tout le temps que dure leur existence. Tantôt isolées et tantôt retenues comme en faisceau, ces curieuses petites plantes, qui ne sont qu’un simple tube, agitent perpétuellement leur extrémité libre, les unes en oscillant de part et d’autre de la verticale, les autres en se contournant en hélice pour se redresser ensuite et de nouveau reformer leur spirale. La lumière exerce une influence incontestable sur les oscillaires. Le naturaliste Corti, ayant un jour enfermé dans un vase à parois de verre un nombre considérable de ces filamens singuliers, entoura le tout d’un couvercle opaque percé d’une seule petite ouverture. Peu de temps après, il souleva le couvercle et vit avec étonnement que les oscillaires, par un mouvement lent, mais continu de reptation, s’étaient toutes agglomérées sur les points de la paroi du vase qu’éclairait le rayon lumineux. A diverses reprises le vase fut retourné, et chaque fois, au bout de quelques jours, les oscillaires se trouvèrent obstinément réunies en face de l’orifice par où pénétrait la lumière.

On le voit donc, le problème subsiste, obscur, mystérieux, insoluble peut-être. L’algue, au jour de la reproduction, paraît empiéter sur un domaine où elle ne peut se maintenir. Cette oscillation d’une vie qui, après s’être en apparence fourvoyée, rentre dans la voie normale, sera mise en lumière par l’étude rapide que nous allons faire des principaux types de la famille.

L’expression la plus simple de l’individualité végétale est la petite algue (de la famille des nostochinées) qu’on a successivement désignée par les noms divers de chaos primordial, de matière verte de Priestley et enfin de protococcus. Tout le monde la connaît au moins de vue. C’est elle qui, à la base des constructions nouvelles, colore les pierres calcaires où monte l’humidité du sol. Elle y forme des couches d’une sorte de mucosité quelquefois rouge, mais généralement d’un vert jaunâtre et couverte de granulations microscopiques d’un vert plus intense ; elle ne consiste qu’en une seule cellule, petite sphère creuse et transparente dont l’intérieur est rempli de matière colorante. C’est à cet unique élément que se borne ce végétal extraordinaire, c’est en lui que sont contenues toutes ses facultés de procréation ; aussi le mode de reproduction du protococcus est-il de la plus remarquable simplicité. A une certaine époque de l’année, l’on s’aperçoit que chacune des cellules en renferme plusieurs autres qui se développent dans son sein, grossissent, se pressent, finissent par faire éclater l’utricule-mère, puis s’échappent alors, constituent autant de protococcus nouveaux et se comportent exactement comme celle qui leur a donné l’existence. On ne saurait imaginer un mode de génération plus élémentaire. Sphérique à sa naissance comme l’était sa mère, le protococcus conserve cette forme, la reproduit en se multipliant spontanément