Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 68.djvu/663

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près Dusseldorf, un autre d’un type analogue dans l’argile plastique d’une vallée latérale de l’Arno, une mâchoire et un crâne présentant une dépression notable à Moulin-Quignon, près d’Abbeville, un crâne annonçant un front moins développé et une taille moins élevée que chez notre race à la caverne d’Engis, près Liège, qui appartient à l’âge de la pierre taillée, d’autres crânes dans les tourbières du Danemark et des ossemens humains dans diverses cavernes de la Belgique ou du midi de la France. Tout ce que l’on peut dire, c’est que ces crânes, comme ceux qu’on a retirés des palafittes, présentent le type brachycépliale (tête ronde) très accusé, type que certains ethnologistes regardent comme étant celui des têtes figures ; les os de la boîte crânienne sont presque toujours fort épais, comme cela s’observe chez les Armoricains.

Des anatomistes ont cru saisir une affinité prononcée de formes entre la majorité de ces crânes et ceux qui furent découverts en Russie dans des tombeaux de la racle finnoise ou tchoude ; mais, si ce rapprochement se vérifie, on ne saurait pour cela en conclure que tous les monumens de l’âge de pierre soient nécessairement l’œuvre de la même race. Un antiquaire danois très distingué, M. Worsaae, a fait remarquer que les dolmens et les allées couvertes ne se retrouvant ni chez les Finnois ni chez les Lapons, il faut en attribuer la construction à une autre race. D’un autre côté, M. Alexandre Bertrand, à qui on doit un judicieux travail sur cette classe de monumens, a montré que la distribution des dolmens en Europe est peu favorable à l’hypothèse qu’ils aient été élevés par les Celtes ; ils doivent appartenir à une race qui s’est répandue sur le littoral occidental de l’Europe et a remonté par les grands cours d’eau des bords de la mer dans l’intérieur du continent. Notons en effet qu’on ne rencontre pas les monumens mégalithiques dans les contrées danubiennes, que les Celtes ont traversées avant de pénétrer en France, ni dans la Gaule cisalpine, où ils émigrèrent plus tard. D’ailleurs l’étude comparative des idiomes indo-européens, telle que l’a poursuivie M. Ad. Pictet, a fait voir qu’en pénétrant en Europe les populations issues des souches aryenne et iranienne, dont la race parlant la langue celtique était un rameau, connaissaient déjà les métaux. Les dolmens de l’âge de pierre doivent conséquemment être l’ouvrage d’une population que les Celtes ont anéantie ou subjuguée en s’amalgamant avec elle.

L’opinion qui voit dans les hommes de l’âge de la pierre taillée les frères aînés des Finnois s’accorderait au reste fort bien avec les données de la faune quaternaire. Puisque les espèces mammalogiques qui habitaient la France méridionale, l’Espagne, l’Italie, — le mammouth, le rhinocéros tichorhinus, le bœuf musqué, le renne, —