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elles ont végété et celle des matériaux qui les recouvrent sont encore à faire. Rien de plus probable que la découverte d’un terrain glaciaire marin correspondant à celui des côtes orientales de l’Angleterre. Ce soulèvement des côtes de France, contemporain de celui de l’Angleterre, achève la démonstration de l’union des îles britanniques avec le continent. Pendant cette période, l’Irlande touchait aux Asturies, dont dix plantes[1] se sont maintenues dans le sud de l’île : aucune d’elles n’est originaire du nord de l’Europe, leur patrie est dans le golfe de Biscaye. Le reste de la végétation de l’Angleterre se rapporte à trois types : le type boréal, qui comprend les plantes alpines et polaires amenées avec les blocs erratiques par les glaces flottantes pendant la première époque de froid, et qui se sont maintenues sur les sommets et dans les marais tourbeux de l’Écosse; le type armoricain, répandu principalement dans le comté de Cornouailles et les côtes du Devonshire, dont la végétation ressemble beaucoup à celle de la Bretagne et renferme quelques-unes de ces espèces méridionales qui remontent encore actuellement des embouchures de l’Adour et de la Bidassoa jusqu’à celles de la Loire et au-delà; enfin le type germanique, qui domine dans les îles britanniques. Les plantes de l’Allemagne occupèrent la plus grande partie de l’Angleterre, de l’Ecosse et de l’Irlande, comme depuis les Saxons envahirent la terre des Angles pour se substituer à eux. Avec les siècles, le type germanique est devenu tellement prédominant que la plupart des botanistes anglais le désignent sous le nom de type britannique. La géographie botanique confirme donc pleinement les données de la géologie. Les indications de la zoologie déduites de la distribution des animaux vivans dans les îles britanniques concordent également avec celles de la botanique et de la paléontologie. Cet accord est pour le naturaliste un signe certain qu’il marche sur un terrain solide, étayé par des faits nombreux qui se vérifient réciproquement. C’est là le caractère de la certitude dans les sciences naturelles. Lorsque plusieurs d’entre elles concourent à l’établissement d’une vérité, cette vérité s’impose invinciblement à la conscience de tous. De même en géométrie les propositions nouvelles se vérifient en nous ramenant aux théorèmes fondamentaux qui servent de base à la science des nombres et de l’étendue.

Après qu’elles eurent été peuplées de végétaux et d’animaux, les îles britanniques s’affaissèrent de nouveau et s’abaissèrent à un niveau inférieur à celui qu’elles présentent actuellement, puis elles se soulevèrent encore pour la dernière fois. Les terrasses littorales peu élevées (sea margins) qui bordent ses côtes et celles de l’Ecosse sont les témoins de ce dernier soulèvement.

  1. Saxifrage umbrosa, S. elegans, S. geum, S. hirsuta, S. hirta, S. affinis; Erica Makai, E, mediterranea; Daboecia polifolia, Arbutus unedo.