Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/953

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

muscles longtemps contractés, est complètement dépouillé d’oxygène et contient un grand excès d’acide carbonique. Ainsi nul doute à cet égard : ce qui spécifie la contraction, c’est un accroissement d’énergie dans l’oxydation des tissus musculaires, une décomposition plus vive des matières hydro-carbonées par les élémens du sang artériel. Que l’action chimique ainsi accrue dans l’étendue du muscle en change la forme, qu’elle le raccourcisse en l’élargissant, il n’y a rien là qui puisse nous étonner : nous voyons bien une corde se gonfler et se tendre quand on la mouille et produire ainsi une traction considérable. Que la chaleur développée dans le tissu musculaire se convertisse partiellement en travail, c’est ce que nous regardons aussi comme un phénomène usuel et vulgaire ; M. Béclard a fait d’ailleurs sur ce dernier point une série d’expériences ingénieuses. Il a étudié sous le rapport calorifique une même contraction musculaire, dans le cas où elle ne produit pas de travail externe et dans le cas où elle en produit ; il a vu ainsi, dans une longue série d’essais, que la chaleur due à l’action chimique était diminuée de toute celle qui se transformait en travail.

Mais n’en restons pas là, efforçons-nous de remonter à l’origine de l’action musculaire. Les nerfs interviennent pour susciter l’action des muscles. Le système nerveux, si nous le considérons dans ses rapports avec le mouvement, peut être représenté de la façon suivante. Un organe extérieur reçoit les sensations ; un filament tubulaire très mince les porte à une cellule nerveuse qui les perçoit ; une autre cellule, propre à commander les mouvemens, communique à l’aide d’un nouveau filament avec l’appareil contractile qui doit les exécuter ; enfin entre la cellule sensible et la cellule motrice un tube nerveux sert de trait d’union. Telle est, réduite à sa plus simple expression, l’idée générale de la communication nerveusa. L’acte qui se propage d’une extrémité à l’autre du système s’appelle un acte réflexe. Les filamens élémentaires, très minces, très déliés, puisqu’un grand nombre d’entre eux n’ont guère qu’un centième de millimètre, sont réunis et mêlés de façon à former de petites cordes ; les cellules sont aussi groupées dans des lieux particuliers qui portent le nom de centres nerveux. Chez les vertébrés, chez l’homme, que nous avons particulièrement en vue, la plus grande partie des centres nerveux est réunie dans cette longue tige qui constitue la moelle épinière. Il en reste pourtant un certain nombre qui sont disséminés dans le corps ; on les appelle ganglions nerveux, et leur ensemble est connu sous le nom de système du grand sympathique. Une sorte de hiérarchie s’établit ainsi dans les actes réflexes ; les uns n’intéressent que les ganglions, tandis que les autres remontent jusqu’à la moelle épinière. Au-dessus de