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LES
FRONTIERES DE L'ITALIE

I. Italia e Confederazione germanica, studi documentati intorno amle pretenzioni germaniche sul versante méridionale delle Alpi, del prof. Avv. Sigismondo Bonfiglio ; 1 vol. in-8o ; Turin 1865. — II. Trieste et l’Istrie dans la question italienne ; Paris 1865. — III. I Confini tra l’Italia e la Gemania, appunti diplomatici, par M. Giuseppe Canestrini, etc. ; Florence 1866.

Rien ne semble plus simple que cette question si vieille et toujours nouvelle de l’affranchissement d’un peuple asservi à une domination étrangère, je veux dire qu’il est relativement encore assez facile de saisir cet éternel problème dans ses élémens premiers, dans ce qui en forme l’essence, — la radicale et inévitable hostilité de deux races juxtaposées par la force ou par le hasard des combinaisons diplomatiques. Entre vainqueurs et vaincus, il y a une sorte de délimitation morale qui saute aux yeux, qui défie toutes les tentatives de fusion, une délimitation de génie, de mœurs, d’intérêts, de défauts même. Quand Russes et Polonais sont en présence à Varsovie, la question apparaît avec une sinistre évidence. Quand les Autrichiens règnent directement à Milan, à Venise, indirectement à Bologne, à Parme, à Florence, la situation n’est pas moins tranchée. Des deux côtés, tout est clair et net : c’est une incompatibilité profonde, absolue, qui ne cessera que le jour où l’étranger aura cessé lui-même de camper au cœur du pays conquis. Tant que la lutte reste concentrée dans ces termes généraux, dans ce terrible dilemme de la subordination morale et politique d’un peuple ou de son affranchissement, il n’y a point d’équivoque possible. C’est la période du