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Les banques d’Écosse fonctionnent suivant la situation du marché, elles s’écartent peu du taux de l’intérêt fixé par la Banque d’Angleterre. Quand le besoin se manifeste, elles ne se font pas faute d’élever l’escompte à 10 pour 100, depuis que les entraves des lois contre l’usure sont effacées. Il n’est pas inutile de le mentionner, quand les défenseurs de la liberté d’émission établissent un parallèle entre le taux élevé de l’escompte de la Banque d’Angleterre à certaines époques et l’ancienne permanence de l’escompte à 5 pour 100, et qu’ils tâchent de tirer parti pour leur thèse de cette comparaison. Ceux qui produisent ce singulier argument n’oublient qu’une chose, c’est que jusqu’en 1833 une loi, dont aucun économiste ne saurait regretter l’abolition, défendait à la banque de prendre plus de 5 pour 100 d’intérêt.

En 1856, sir Cornwall Lewis, chancelier de l’échiquier, demanda l’opinion des banques d’Écosse sur l’act de 1845, qui avait étendu à cette contrée le principe de la limitation de l’émission consacré par l’act de 1844 en Angleterre. Les réponses se trouvent dans l’enquête de 1857. Sur les dix banques principales, cinq banques anciennes, dont le siège est à Edimbourg, se sont prononcées pour l’act ; une seule, la Banque d’Écosse, l’a regardé comme sans effet (inoperative). Cinq banques plus nouvelles, dont le siège était à Glasgow, se prononcèrent contre ; mais peu de mois plus tard on connut le mot de cette divergence d’opinion : les cinq banques anciennes résistèrent au danger ; sur les cinq nouvelles, la Western-Bank et la City of Glasgow succombèrent, les autres furent embarrassées. La protestation la plus véhémente contre l’act était celle de la Western-Bank ; elle portait la signature de mauvais augure de John Taylor, cause première de l’éclatant désastre subi bientôt après par cet établissement.

L’enquête de 1857 constate que, suivant la Banque royale d’Écosse, rien n’avait infirmé la sagesse du principe de l’act. Le directeur de la British Linen Company en déclare « toutes les prévisions judicieuses et salutaires, bien calculées pour maintenir en Écosse une quotité de numéraire en rapport avec la circulation. Aucun inconvénient n’en est résulté, ni pour la banque, ni pour le public, et l’on espère qu’on ne le modifiera pas. » La Commercial Bank of Scotland approuve la loi et déclare que celle-ci n’a besoin d’aucune révision. La National Bank of Scotland nie qu’elle ait causé aucune gêne. Le principe de la limitation se trouve approuvé par les représentans autorisés de la contrée qu’on présente toujours comme entièrement dévouée à la liberté d’émission. Les exemples anciens se réunissent aux derniers débats soulevés pendant une crise formidable pour recommander la sagesse de l’œuvre de sir Robert Peel.