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LA
SITUATION FINANCIERE
EN ITALIE

Un des traits les plus saillans de notre époque est l’envahissement du domaine de la politique par les questions financières, et la place qu’elles y occupent s’élargira de plus en plus. Il y a des gens qui s’en attristent, parce que cela leur semble un des symptômes du matérialisme reproché à notre temps : leur crainte n’est au fond qu’un préjugé. La prépondérance croissante des intérêts financiers résulte simplement d’une part plus grande que les peuples prennent dans leurs propres affaires, et c’est un progrès social. Sous l’ancien régime, les souverains, dans leurs besoins d’argent, n’avaient que deux procédés à leur disposition : l’impôt, dont ils avaient bientôt tari les sources, et les expédiens usuraires. Dans l’un ou l’autre cas, ils n’avaient affaire qu’à un petit nombre de traitans, dont les services devenaient désastreux ; mais on ne brillait pas par le respect des engagemens, et la banqueroute exercée comme une espèce de droit régalien était le correctif du système. Les choses ont bien changé, et, il faut le dire, à l’avantage des peuples. Quand un état moderne fait appel au crédit, l’argent sort de toutes ; les bourses par gros lots ou en parcelles, et les offres dépassent si souvent les demandes que le danger réside aujourd’hui dans la facilité d’abuser. Grâce à l’affluence des épargnes, on ne connaît plus d’obstacles en politique ; les guerres, les travaux de la paix, les réformes, les créations d’empires s’improvisent dans des proportions