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Hélie, Victor Cousin, Mittermaier, Mohl, Brandeis ; on aurait pu, comme on le voit, plus mal choisir. Enfin il y a vingt places d’associés correspondait dont dix-huit sont occupées, et par une innovation à laquelle on ne saurait trop applaudir, au nombre de ces correspondans est une femme, Mme Marianne Florenzi-Waddington.

Une telle académie n’a donc rien de semblable aux sociétés dites savantes dont la bonne humeur du public s’est si souvent égayée. Ses premiers travaux font bien augurer de ceux qu’elle produira dans la suite. Les comptes-rendus qu’elle fait imprimer ne donnent que des analyses, mais il suffit de ces résumés pour voir que, si les sujets choisis n’ont pas tout l’attrait de la nouveauté, ils sont du moins dignes d’étude et contrastent singulièrement avec ceux qu’on traitait au XVIe siècle et au XVIIe. Nous avons sous les yeux les comptes-rendus du mois de mai 1864 publiés à la fin de cette même année et nous trouvons dans cette courte période des travaux importans. Au premier rang, il est permis de placer celui de M. Lomonaco, membre résident, sur l’origine, la nature et les vicissitudes du droit municipal en Italie, à l’époque romano-byzantine, au moyen âge et dans les temps modernes. On comprend l’intérêt d’une pareille étude pour un peuple qui n’a connu durant des siècles que la vie municipale, et qui cherche aujourd’hui à en concilier les traditions obscures, diverses, contradictoires même, avec les aspirations modernes qui le poussent vers la centralisation et l’unité. A côté d’un mémoire de M. Pessina sur l’Éthique d’Aristote, on en trouve un de M. Spaventa sur la doctrine de Gioberti relativement à l’espace et au temps, que le philosophe piémontais identifie avec la création. Les opinions scientifiques de Gioberti ont singulièrement perdu de leur prix depuis que le publiciste, l’homme d’état a cessé, en disparaissant de ce monde, de leur communiquer l’éclat de sa bruyante renommée ; mais après tout Gioberti n’est qu’un prétexte, qu’une occasion d’étudier à nouveau ces grands problèmes dont on a proposé tant et de si diverses solutions. Signalons encore le mémoire de M. Baldacchini sur le nominalisme dans la morale et dans l’instruction, et celui de M. Trinchera sur Sully et Colbert.

Nous n’ayons ni le droit ni le désir d’interdire aux académies italiennes les sujets étrangers à leur pays ; mais personne ne s’étonnera que nous mettions plus de prix à ce que les Italiens nous apprennent sur eux-mêmes. A ce titre, nous avons remarqué un mémoire de M. Tulelli sur la vie politique et la doctrine de Pasquale Galluppi, de Tropea, mort il y a vingt ans environ, initiateur des Napolitains aux études philosophiques par ses ouvrages et par un enseignement qui dura quinze années (de 1831 à 1846). Les élèves de Galluppi voient en lui le plus grand philosophe des provinces méridionales dans notre siècle, et il faut reconnaître que Naples est bien la capitale philosophique de l’Italie par la hardiesse et la force de la pensée. Ce n’est pas pour Galluppi un médiocre sujet de gloire qu’on lui en attribue