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partisans pour payer les frais du local et des services a le droit d’ouvrir une chapelle. Les swedenborgiens ou membres de la nouvelle église se réunissent à Londres, près du British-Musœum, dans une jolie maison dont le rez-de-chaussée est occupé par une librairie. Là se publient avec dévotion tous les ouvrages du maître et de ses disciples. Leur conviction est que les Écritures saintes ont deux sens, l’un naturel et l’autre spirituel. Le sens naturel est celui qui a été compris par les autres églises chrétiennes, tandis que le sens spirituel a été révélé pour la première fois par le grand apôtre de Stockholm, auquel il a été donné de converser avec les anges et les esprits. Les rites de la nouvelle église diffèrent très peu de ceux qui se pratiquent dans les autres chapelles protestantes ; mais on s’y préoccupe beaucoup des mystères d’une autre vie. Selon les swedenborgiens, l’homme doit passer après la mort par un état intermédiaire où celui qui est intérieurement bon recevra une plus grande dose de vérité qui le préparera pour le ciel, tandis, que celui qui est intérieurement mauvais rejettera toute lumière et descendra ainsi pour jamais parmi les réprouvés. La congrégation ne compte encore qu’un petit nombre de membres : s’il y a jusqu’ici peu d’élus, ils forment en revanche une assemblée d’hommes instruits et respectables ; mais quelles figures extatiques ! Ce que je m’empresse d’annoncer, car je crains qu’on ne s’en doute pas assez en France, c’est que le jugement dernier est déjà accompli, et que la « nouvelle Jérusalem » est à l’heure qu’il est descendue sur la terre sous la forme de la nouvelle église. Telle est du moins la grande nouvelle que m’ont chargé de répéter ces oracles du mysticisme !

Plus anciens, quoique plus éloignés de la souche des croyances nationales, les unitairiens ont appelé sur eux dans ces derniers temps l’attention de l’Angleterre. Leur doctrine remonte jusqu’à Arius, prêtre d’Alexandrie, qui vivait durant le IVe siècle ; elle apparut dans la Grande-Bretagne peu de temps après la réformation, et Milton lui-même était semi-arien. Les unitairiens croient, comme l’indique leur nom, au Dieu un et indivisible. Leurs idées firent peu de progrès en Angleterre jusqu’au commencement du XVIIIe siècle, où plusieurs des anciens ministres presbytériens embrassèrent des opinions contraires au dogme de la Trinité. J’ai suivi pendant quelque temps les services d’une chapelle unitairienne qui se trouve à Londres près de Finsbury Square. On y lit publiquement la Bible, surtout le Nouveau Testament, comme un livre de haute morale, mais sans croire à l’inspiration des écrivains sacrés. Dans cette lecture choisie d’avance, on évite d’ailleurs certains passages dogmatiques, comme celui où il est dit que l’homme est tombé en