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mais le rapport des commissaires constatait que la conduite de la princesse avait été assez inconsidérée, assez légère, pour mériter de la part du roi quelque réprimande. Conseillée par des ennemis du ministère, lord Eldon et Perceval, elle produisit sa défense sous la forme d’une lettre au roi. Le prince répliqua en annonçant de nouvelles preuves ; cependant l’avis du cabinet fut que le chancelier lord Erskine informerait la princesse au nom du roi que l’affaire n’aurait pas d’autre suite, mais que le roi avait appris avec beaucoup de chagrin les résultats de l’enquête, et qu’il l’avertissait d’être dans sa conduite plus circonspecte à l’avenir. Cette décision aurait été exécutée ; mais le ministère changea une délibération du nouveau conseil déclara nulles et mal fondées les imputations jusque-là produites. Le roi assigna le palais de Kensington à sa bru pour résidence elle continua d’être reçue à la cour, et l’on parla même de poursuivre lady Douglas pour faux témoignage.

Le prince de Galles avait complétement échoué. Les anciens ministres, qu’il appelait ses amis, n’avaient pas fait tout ce qu’il attendait d’eux. Ils n’avaient point, comme il l’espérait, épousé toutes ses passions, et il n’avait rien gagné à ses rapports avec les whigs, rien que la haine victorieuse des tories. Il était alors fort épris de lady Hertfort, qui appartenait par ses relations à ce dernier parti. Il avait commencé à se montrer froid sur la question de l’émancipation des catholiques. Mme Fitzherbert elle-même, pour laquelle il conservait toujours de l’attachement, ne le pressait pas, le détournait plutôt de s’intéresser à ses coreligionnaires ; elle craignait qu’on ne s’en prît à elle, et qu’on ne dénonçât en public son influence. Le prince, qui probablement n’avait jamais pris fort au sérieux cette thèse de tolérance religieuse, résolut de l’abandonner, et, comme on l’a vu, avertit les whigs qu’il ne voulait plus mettre ce grief entre son père et lui. Depuis lors, il n’eut plus avec eux que des rapports de pure apparence, et, devenu régent trois années après, il ne rechercha pas bien sincèrement leur concours, s’en passa très aisément, et profita de sa nouvelle position pour donner à sa femme de nouvelles marques de sa malveillance. Contre son gré, on avait laissé à la mère la garde de sa fille jusqu’à l’âge de quatre ans. Contre son gré, le roi avait décidé que l’enfant serait ensuite élevée sous la surveillance de la reine, son aïeule. Le prince-régent soumit les entrevues de la mère et de la fille à des restrictions humiliantes. C’était maintenant le tour de l’épouse opprimée d’avoir l’opposition pour elle. Elle prit M. Brougham pour principal conseiller, et sous son inspiration elle écrivit une lettre de plainte comme pouvait l’écrire une femme et une mère offensée. Le lord chancelier et lord Liverpool, qu’elle chargeait de la remettre au régent, éludèrent toute réponse ; mais, la lettre ayant été rendue