Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 58.djvu/824

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
GUSTAVE III
ET
LA COUR DE FRANCE

V.
REFORMES ET FETES DE COUR A VERSAILLES ET A STOCKHOLM.

La mort de Louis XV vint modifier gravement les rapports de Gustave III avec la cour de France[1]. A l’égard du vieux roi, Gustave ne pouvait naguère espérer d’autre rôle que celui de protégé et de disciple ; l’appui qu’il avait rencontré de la part du cabinet de Versailles et l’accueil qu’il avait reçu pendant son premier voyage à Paris étaient autant de liens personnels par où il était obligé à la reconnaissance en même temps qu’au respect. Envers le petit-fils de Louis XV, la situation n’était plus la même. Le roi de Suède, plus âgé que Louis XVI de huit années, fermement assis depuis trois ans sur le trône d’une ancienne monarchie, très fier de la dextérité avec laquelle, dans la journée du 19 août 1772, il s’était emparé du pouvoir, pouvait se présenter désormais à Versailles, pensait-il, comme un allié qui, en faisant honneur aux espérances fondées sur ses talens et son courage, avait utilement servi la cause commune. Si le jeune roi de France se, voyait aux prises dès le commencement de son règne, comme il était aisé de le prévoir,

  1. Voyez, sur les rapports de Gustave III avec la cour de France jusqu’à la mort de Louis XV, la Revue du 15 février, 1er mars, 1er avril et 15 juillet 1864.