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innombrables usines de Pittsburg et des environs. De toutes parts s’élèvent des collines où les couches de charbon tracent leurs noirs affleuremens : les tranchées du chemin de fer les montrent à nu ; le mineur n’a pas besoin de chercher le combustible au fond de puits creusés à grands frais ; il lui suffit d’entrer dans la montagne en y perçant des galeries. Sur tous les flancs des vallées, on aperçoit les ouvertures d’où sortent les wagons qui, descendant sur de frêles plans inclinés de bois, vont déverser le charbon au niveau des chemins de fer ou des cours d’eau. Le sol recèle trop de richesses pour qu’on se donne la peine de le cultiver, et l’aspect sauvage qu’il conserve ne révèle que trop cette insouciance des habitans. Les bois sont coupés sans merci pour construire les revêtemens des galeries de mines. Çà et là seulement restent quelques bouquets épargnés par la hache, et dont la beauté fait regretter que l’homme ait été obligé de ravager la surface pour extraire de cette terre privilégiée les trésors qu’elle recèle.

Dans toute la chaîne alléghanienne, les minerais de fer accompagnent les couches de combustible. En 1864, les divers districts houillers de cet état ont fourni 12 millions de tonnes de charbon minéral[1]. Le prix moyen du charbon a été, pendant la même année, de 6,50 par tonne ; la valeur de la production houillère peut donc être estimée à environ 78 millions de dollars, ce qui en or, au cours de 200 (et pendant toute l’année 1864 l’or s’est tenu le plus souvent au-dessus de ce cours), représente 39 millions de dollars. La houille extraite en 1860 valait environ 15 millions de dollars. On peut juger par ces chiffres quelle impulsion fébrile la guerre et les nouveaux tarifs mis en vigueur en 1860 ont donnée à l’industrie pensylvanienne. On évalue à 700,000 tonnes environ la quantité de fonte produite en 1864 en Pensylvanie. Les prix de la fonte ont subi d’étranges fluctuations : ils se sont élevés de 30 dollars la tonne à 70, et puis sont retombés à 60. Le prix moyen de l’année 1864 a été de 53 dollars, ce qui donne pour la production totale 37,1,00,000 dollars en papier-monnaie, ou environ 18,500,000 dollars en or ; mais cette fonte se transforme en fer, en rails, en canons, en machines, en instrumens aratoires. Quand

  1. Ce sont la Pensylvanie, l’Ohio et la Virginie occidentale qui fournissent le plus de charbon dans l’est. En 1860, la Pensylvanie a donné 9,397,332 tonnes d’anthracite évaluées à 11,869,574 dollars, et 66,904,205 boisseaux de charbon bitumineux évalués à 2,833,859 dollars : valeur totale, 14,703,433 dollars pour 7,529,683 dollars, chiffre de la production en 1850. En charbon bitumineux, l’Ohio a donné en 1860 28,339,900 boisseaux estimés 1,539,713 dollars, et la Virginie 222,780 boisseaux estimés 222,780 dollars.