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nique revenait sur sa demande avec plus d’insistance encore ; le 18, deux jours après la sommation des puissances allemandes, il « suppliait sérieusement » M. Monrad de ne pas perdre de temps, et, pour donner plus de poids à son conseil, il ajoutait « que le gouvernement de la reine était engagé dans des négociations, dont il espérait le plein succès !… » C’est que le principal secrétaire d’état avait fait le même jour (18 janvier) une proposition au cabinet des Tuileries qui lui semblait devoir être décisive. M. Drouyn de Lhuys avait déjà sur sa table toute une collection de projets anglais pour le salut de la monarchie Scandinave, — sans compter la demande directe du gouvernement danois pour la médiation des puissances non germaniques. Lord Wodehouse, au retour de sa mission spéciale de Copenhague, venait enfin d’apporter à Paris, le 12, ce dernier document, qui manquait jusqu’ici. Pour rappeler un vif passage du discours de M. Disraeli, le ministre des affaires étrangères de France pouvait choisir à son gré entre « une conférence à Paris, une conférence à Londres, une conférence à Vienne, entre une médiation commune et une médiation solitaire, entre des notes originales, des notes relatives, des notes identiques, des notes séparées, ou des notes jointes et séparées en même temps… » Cette fois cependant le cabinet de Saint-James avait l’air de parler un langage plus adapté à la circonstance : il demandait à la France « son concert et sa coopération pour le maintien de l’intégrité du Danemark !… » On a depuis beaucoup reproché au cabinet des Tuileries de n’avoir pas pris en considération cette demande de lord Russell, d’avoir négligé la précieuse occasion qui lui fut donnée à ce moment pour resserrer son alliance avec l’Angleterre, pour sauver la monarchie Scandinave et prendre même sa revanche de l’échec subi dans la question polonaise. Les reproches sont-ils fondés, et la proposition du 18 janvier avait-elle vraiment la portée qu’on a bien voulu lui assigner ? Une seule remarque suffira pour répondre : c’est que le cabinet de Saint-James adressa Simultanément la même dépêche à tous les signataires du traité de Londres, c’est-à-dire non-seulement à la France et à la Suède, mais aussi à la Russie et même à l’Autriche et à la Prusse ! Or, si le comte Russell pouvait encore se faire illusion sur le singulier