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de Paris. La reconnaissance publique a conservé à Vaise la statue de l’un des fondateurs, Jean Cléberg, surnommé le « bon Allemand. » L’hôpital général a été fondé vers le commencement du VIe siècle, et le dernier des grands hospices, celui de la Croix-Rousse, vient d’être créé depuis la réunion des communes suburbaines. Quatorze comités catholiques, un comité protestant, un comité israélite, administrent les bureaux de bienfaisance. Outre des établissemens pour les aliénés et les mendians, outre les caisses d’épargne, le Mont-de-Piété, les crèches, soumis à l’autorité publique, des fondations particulières ont ouvert pour les jeunes garçons trois maisons dites providence et trois maisons de charité, pour les vagabonds le refuge d’Oullins et la société de Saint-Joseph, pour les pauvres les sociétés de Jésus et de patronage. Les jeunes filles sont, de leur côté, redevables à la bienfaisance privée de trois maisons de providence dont la plus ancienne est connue sous le nom d’Œuvre des Messieurs. On compte pour elles trois hospices spéciaux, deux refuges et une maison de patronage. C’est la reine Marie-Antoinette qui, pendant sa première grossesse, fonda la société de charité maternelle pour les pauvres mères de famille. Les veuves délaissées ont leur hospice, et les vieillards des deux sexes trois asiles. Comme un des plus heureux efforts de cet esprit de fraternelle assistance qui se révèle par des créations si variées, il faut citer la société de secours des ouvriers en soie, qui a servi de type et de modèle aux auteurs de la loi sur les caisses de retraite, et les 156 autres sociétés de secours mutuels qui existent en ce moment à Lyon. La société des ouvriers en soie comptait en 1863 4,696 sociétaires, dont 1,646 hommes et 2,850 femmes. L’année précédente, elle avait payé des indemnités quotidiennes à raison de 36,553 journées de maladie. La loi du 15 juillet 1850 et le décret du 26 mars 1852, en organisant les caisses de retraite, ont amené un grand développement des sociétés de secours mutuels. La France entière n’en réunissait en 1852 que 2,438, comprenant 249,442 sociétaires et possédant 10,114,000 francs. Dix ans plus tard, on voit fonctionner 4,582 sociétés, avec 639,044 membres et un avoir de 30,766,000 francs. A Lyon, la progression a été d’autant plus rapide que l’esprit de mutualité pouvait être considéré comme propre au pays même. Depuis 1804, de simples ouvriers appartenant à divers corps de métiers, — tisseurs, maçons, charpentiers, couvreurs, portefaix, — des marchands et artisans israélites s’étaient cotisés entre eux pour soulager au moyen d’un fonds commun les malades et les vieillards. De 1814 à 1830, 27 sociétés de secours mutuels s’organisèrent dans le département du Rhône. La monarchie de 1830 en vit naître 72, parmi lesquelles celle des mutualistes