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réalité, il ne faut point s’arrêter à une seule époque, exposée à des charges extraordinaires ; l’on doit tenir compte d’une certaine série d’années qui permet de mieux comprendre la situation. C’est surtout la faculté ouverte par la loi de 1857 qu’on a dénoncée comme la cause des exigences nouvelles de la Banque. L’article 8 permet en effet, si les circonstances l’exigent, d’élever au-dessus de 6 pour 100 le taux des escomptes et des avances. Voyons quel a été le résultat général. Il est reconnu que durant les six années qui ont précédé la loi, c’est-à-dire de 1851 à 1856, le taux moyen de l’escompte a été de 4 fr. 11 cent. : il s’est élevé pour les six années suivantes, de 1858 à 1863, à 4 fr. 14 cent., 3 centimes de différence ! De 1858 à 1862, la moyenne était même descendue à 4 fr. 02 cent. ; c’est l’élévation du taux de 1863 qui a causé l’augmentation signalée plus haut. L’année 1864 a été bien plus difficile à traverser ; elle a porté la moyenne de l’escompte à 6 fr. 50 cent., chiffre le plus lourd que nous ayons eu à subir jusqu’à présent. Ce chiffre fait monter à 4 francs 48 centimes la moyenne des sept années écoulées depuis 1858 ; c’est presque le taux actuel de 4 1/2 pour 100.

Environ un demi pour cent d’augmentation moyenne supporté sur le taux jadis immuable de li pour 100, c’est quelque chose, nous sommes loin de prétendre le contraire. C’est une charge supplémentaire assez considérable, singulièrement accrue en vertu de l’influence exceptionnelle de la dernière année ; mais elle est loin de correspondre aux chiffres de 7, 8 et 9 pour 100, que les adversaires de la Banque font habilement miroiter devant les yeux, et qui n’ont jamais été chez nous que de courte durée. Loin d’ajouter aux bénéfices de la Banque, ces taux les ont atténués ; ils ont eu pour but, non le gain, mais la diminution des avances et la rentrée du numéraire. Aux termes de la loi de 1857, la recette qui provient d’une perception supérieure à 6 pour 100 ne doit pas accroître le dividende ; elle est portée à un compte de réserve spécial, destiné à augmenter le capital social. La Banque conserve cet excédant sans paraître y attacher une grande importance ; sans lui profiter beaucoup, il fournit le prétexte d’attaques acerbes et injustes. La réserve spéciale constitue en ce moment un total de 6, 987, 142 fr. ; elle n’était que de 3, 000, 754 francs au 1er janvier 1864 ; l’année dernière l’a plus que doublée. Cette réserve représente à peine une moyenne de gain d’un million par an sur les années écoulées depuis la loi de 1857. On aimerait sans doute à voir la Banque ne pas profiter de cet excédant ; mais on doit constater aussi qu’il est loin de motiver les plaintes excessives dont il est l’objet : il se réduit à peu de chose en présence de la masse énorme des escomptes, en pré-