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ce titre, comme un de ceux qui ont le plus attiré l’attention, l’impôt qui vient d’être établi sur le revenu et qui doit produire 30 millions; il porte sur les rentes inscrites, les traitemens, pensions, bénéfices ecclésiastiques, etc.; il doit se payer sur la déclaration spontanée des contribuables, et, en cas de défaut ou d’insuffisance, sur l’avis d’une commission de cinq membres instituée dans chaque commune. Tout récemment, M. Minghetti vient de soutenir dans le parlement une lutte vigoureuse pour la loi sur la péréquation de l’impôt foncier, loi qui n’avait pas seulement pour but d’égaliser l’impôt, mais aussi d’en porter le produit de 90 à 110 millions. Ce n’est pas sans peine qu’il a triomphé de tous les intérêts conjurés contre cette loi. Pour la première fois peut-être, en cette circonstance on a vu les députés voter en masse par région. La répartition de l’impôt était des plus inégales : tandis que les Napolitains et les Lombards payaient plus de 30 pour 100 du revenu de la terre, les Toscans ne payaient que 10 et les Piémontais 7. Ceux-ci ont résisté de toutes leurs forces; M. Rattazzi a attaqué le projet de loi au nom des intérêts piémontais, le baron Ricasoli est accouru du fond de sa province pour défendre la Toscane. La péréquation est maintenant un fait accompli; mais il faut ajouter que l’inégalité de l’impôt était plus ou moins compensée par des mesures locales qui exigent à leur tour un nouveau remaniement.

Quelle que soit d’ailleurs la sagesse des plans ministériels, la prospérité des budgets dépendra de l’accroissement que prendra la richesse nationale. Que l’unité politique doive féconder les germes de richesse que renfermaient les diverses parties de l’Italie, que les forces autrefois isolées s’accroissent par leur réunion, qu’il en résulte un développement industriel et commercial qui soit en rapport avec l’importance que le nouveau royaume a prise en Europe, c’est ce dont on ne saurait guère douter, et si l’on cherche dans les faits actuels les symptômes de ce développement, on n’y trouve rien que de rassurant.

Une des premières nécessités de l’Italie était de se construire sans délai un réseau de chemins de fer. La forme de son territoire exigeait que de grands sacrifices fussent faits immédiatement pour assurer la rapidité des communications entre les diverses parties du royaume. « La longueur de l’Italie, disait Napoléon à Sainte-Hélène, est trop grande pour sa largeur. Si l’Italie finissait au mont Velin, c’est-à-dire à peu près à la hauteur de Rome, et si tout le terrain compris entre le mont Velin et la Mer-Ionienne, y compris la Sicile, était transporté entre la Sardaigne, Gênes et la Toscane, on aurait un pays dont le centre serait convenablement placé par rapport au périmètre. » Napoléon en parlait, comme on voit, en homme habi-