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lerie ; la proportion italienne est notablement inférieure à celle qui existe dans toutes les armées de l’Europe[1]. Les généraux italiens semblent donc penser que le perfectionnement du matériel et du tir permet de réduire le nombre des pièces. Il n’est pas inutile d’ajouter qu’à défaut de la quantité, l’armée italienne paraît pouvoir compter sur la qualité des troupes d’artillerie. Pendant les campagnes de 1848 et 1849, l’artillerie piémontaise rendit les services les plus signalés, et comme, d’après un usage que l’armée sarde a transmis à l’armée italienne, des médailles militaires étaient attachées aux drapeaux des régimens qui s’étaient le mieux montrés, le corps entier de l’artillerie reçut la médaille d’or pour sa conduite pendant la guerre. L’artillerie napolitaine s’était aussi acquis une certaine réputation. Enfin on a remarqué, dans toutes les circonstances, l’aptitude extraordinaire que les volontaires italiens ont montrée pour le maniement des canons.

Les établissemens militaires ne manquent pas à l’Italie. On compte trois arsenaux généraux pour la préparation du matériel de guerre, à Turin, à Florence et à Naples, trois fonderies de canons, à Turin, à Parme et à Naples, un laboratoire de pyrotechnie à Turin; trois fabriques d’armes à Turin, à Brescia, à Torre-Annunziata (province de Naples), deux poudreries à Fossano (Piémont) et à Scafati (principauté citérieure), une raffinerie de salpêtre à Gênes, une fabrique de pontons à Pavie. Une grande activité règne dans ces divers établissemens[2].

La jeunesse italienne afflue d’ailleurs dans les écoles militaires, dont les principales sont : l’académie de Turin, qui fournit des officiers aux armes spéciales; l’école d’application d’état-major; les deux écoles d’Ivrée et de Modène, où se recrutent les officiers d’infanterie; l’école de cavalerie de Pignerole. On peut encore citer l’école normale des bersagliers, placée à Livourne, et où s’instruisent des officiers et des sous-officiers; les collèges militaires d’Asti, de Milan, de Parme, de Florence, de Naples et de Palerme (ce dernier fondé par Garibaldi), qui forment des élèves pour l’académie de Turin; les deux bataillons de fils de militaires, placés l’un à Racconnigi (Piémont), l’autre à Maddaloni (province de Naples), et qui préparent des sous-officiers.

  1. Le projet Petitti compte, comme artillerie de campagne, par 1,000 hommes 1 bouche à feu 3/4, tandis que l’Autriche a, pour le même nombre de soldats, 2 canons 1/8e’, la Prusse 2 canons 1/2, la France à peu près autant.
  2. On peut en juger par le travail des fonderies. Celle de Turin, dans les cinq années qui se sont écoulées de 1859 à 1863, a fondu 1,200 canons et en a rayé 1,300; celle de Naples, dans les quatre années 1860-1863, en a fondu 650; celle de Parme, établie en 1860 par le gouvernement provisoire de l’Emilie, a, depuis son origine, fondu 450 pièces et en a rayé 375.