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livres techniques qui ont été écrits par les officiers autrichiens signalent l’effroyable rigueur du bombardement qu’elle eut à supporter. — Il faut mentionner encore la petite armée que la république romaine mit sur pied après la fuite du pape. Quand le général Roselli en prit le commandement au mois de mai 1849, elle avait un effectif de 18,000 hommes. Cette troupe fit bonne contenance devant l’armée française, et nos officiers se sont accordés à dire que les cent pièces de canon qui défendirent Rome furent admirablement servies. À cette même époque, Bologne et Ancône, où s’étaient jetés 3 ou 4,000 hommes qui avaient d’abord essayé de tenir la campagne, résistèrent au général autrichien Wimpfen et soutinrent des sièges qui ne furent point sans gloire. — La Toscane de son côté avait armé et équipé 25,000 hommes; mais elle n’eut point à opposer de résistance au retour du grand-duc : ce prince rentra dans ses états sans bruit, comme il en était sorti.

De 1850 à 1859, le fait capital est la formation d’une nouvelle armée sarde, et ce fut l’œuvre du général Alphonse La Marmora. Il y introduisit cette discipline et cet esprit de solidarité entre officiers et soldats qui font la force de l’armée française. Tous les privilèges de l’ancien régime disparurent. Les soldats piémontais furent tenus en haleine par des exercices continuels. On ne se contenta pas de fortifier leur corps par la gymnastique, par l’escrime à la baïonnette; on mit un soin tout particulier à leur apprendre à lire et à écrire. En peu d’années, les écoles régimentaires réduisirent à un sixième de l’effectif la proportion des soldats illettrés, qui était précédemment considérable. Infatigable au travail, le ministre s’occupa sans relâche de tous les détails de l’organisation militaire. Tout le monde se rappelle quelle impression favorable fit sur l’Europe l’armée sarde qui prit part à la campagne de Crimée. Le général La Marmora avait quitté le ministère de la guerre pour prendre lui-même le commandement de ce corps expéditionnaire, qui était chargé d’apprendre à l’Europe que l’Italie songeait à son réveil. Il l’avait composé, avec un soin minutieux, de 20,000 hommes choisis parmi les meilleurs dans tous les régimens. A la Tchernaïa, à Traktir, les troupes répondirent à l’espoir de leur chef. Justement fier de cet essai, le général vint reprendre son travail avec une nouvelle ardeur, et quand éclata la guerre de 1859, le Piémont mettait en ligne une excellente armée de 48,000 hommes.

De cette campagne de 1859 nous ne dirons rien, sinon qu’à côté de l’armée piémontaise les volontaires italiens jouèrent un rôle qui ne fut pas sans éclat. Le corps des chasseurs des Alpes, créé par décret royal du 17 mars 1859 et commandé par Garibaldi, com- prenait au commencement de la campagne 3,500 hommes environ,