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cardinal de Richelieu dans l’intérêt spécial des lettres. De splendides hôtels particuliers excitaient l’admiration, non moins par la beauté de l’architecture que par les chefs-d’œuvre de toute sorte qu’ils offraient à la curiosité des amateurs. Enfin sept théâtres, d’une importance diverse, n’étaient pas le moindre des attraits que les Parisiens, les provinciaux et les étrangers trouvaient réunis dans la même cité.

Bien que Louis XIV l’ait à peine habitée, son gouvernement fit plus encore pour elle qu’aucun autre. Le besoin de sécurité, l’accroissement de l’aisance publique, le goût de la propreté qui se répandait dans les classes moyennes, l’influence bienfaisante des grands écrivains, imposaient des devoirs nouveaux. On regrette de ne trouver aucune preuve de la part que le roi dut prendre à la rénovation administrative et matérielle du vieux Paris. Tandis que de nombreuses lettres à Colbert et à Louvois attestent la sollicitude avec laquelle il suivait les travaux de Versailles, ni sa correspondance, ni ses Instructions au dauphin si curieuses à tant de titres malgré les retouches du président de Périgny et de Pellisson, ne prouvent qu’il ait donné des soins personnels et particuliers à l’embellissement de sa capitale. On sait pourtant que la place Vendôme fut heureusement rectifiée sur ses indications. Loin de nous la pensée que toute initiative à ce sujet soit partie de ses ministres; mais il semble que la passion ni le goût n’y étaient pour rien. Même pour ce qui regarde l’organisation de la police, les Instructions au dauphin ne contiennent que des réflexions dépourvues d’intérêt. A l’entendre, il se serait borné à rétablir quelques ordonnances tombées en désuétude et à prendre des précautions pour les mieux faire observer à l’avenir, surtout en ce qui touchait le port des armes et la propreté des rues. Quoi qu’il en soit, activement secondé par Colbert et Louvois, Louis XIV assainit Paris en l’embellissant. Il fonda l’Observatoire et les Gobelins, fit construire la colonnade du Louvre, l’hôtel des Invalides, les places Vendôme et des Victoires, les portes Saint-Denis et Saint-Martin. En même temps des travaux d’un ordre différent portèrent le mouvement et la vie dans de nombreux quartiers où s’entassaient, privés d’air et de lumière, les milliers d’individus livrés aux petits métiers que comporte l’industrie des grandes villes. Un arrêt du 15 septembre 1667 décida que la butte Saint-Roch serait aplanie ; par malheur, elle ne le fut qu’à moitié, et l’insuffisance de l’opération a légué aux ingénieurs du nouveau Paris une immense difficulté. C’était néanmoins un travail considérable, et qui dura dix ans; il procura l’ouverture de dix nouvelles rues sur un point où la population se portait de préférence à cause du jardin des Tuileries et des Champs-Elysées. La belle ligne de