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hard dravers si recherchés dans tout le nord du pays. La conformation de la race indique qu’elle s’est perpétuée depuis longtemps dans une région marécageuse, et qu’elle doit fournir d’excellens nageurs; elle descend probablement de ces coursiers bataves qui, sous les ordres de Cariovalda, traversaient le Rhin à la vue des légions romaines étonnées. Le bœuf n’est employé au labour que dans le Brabant septentrional, le Limbourg, la Gueldre et l’Over-Yssel, et encore en très petit nombre : on n’en trouve en tout dans le royaume que 11,000 employés comme bêtes de trait; mais l’orgueil, la richesse de l’agriculture néerlandaise, ce sont ses vaches, de cette race renommée à juste titre pour la quantité de lait qu’elle produit : lourdes, flegmatiques, la tête petite et les cornes fines, la panse rebondie, ces bêtes paisibles sont de véritables machines lactifères. Elles engloutissent des quantités incroyables de fourrages qui se transforment aussitôt en lait et en crème. Le chiffre total des vaches est de 856,000. Malheureusement toutes ne valent pas les magnifiques animaux de la Hollande ou de la Frise : la petite vache de la région sablonneuse, zandkoetye, donne moitié moins de profit; elle se contente aussi, il est vrai, de moitié moins de nourriture. On essaie depuis quelques années de communiquer à la race hollandaise, au moyen de croisemens avec les durham, plus d’aptitude à l’engraissement. On comprend que les éleveurs s’efforcent d’obtenir un pareil résultat, car presque tous les pâturages de la zone basse sont assez nourrissans pour engraisser des animaux de boucherie, et plus vite on arrive à leur faire acquérir le poids voulu, plus le profit est grand et peut se renouveler souvent.

Le chiffre total de l’espèce bovine monte à 1,220,000 têtes, ce qui fait 37 têtes par 100 hectares de superficie totale et 53 têtes par 100 hectares de superficie productive. Les provinces néerlandaises entretiennent en outre environ un million de moutons et de chèvres et 300,000 porcs. En réduisant les têtes du jeune et du petit bétail au type commun d’une bête adulte de l’espèce bovine, on arrive encore à un total de 1,361,000, ce qui fait 41 têtes par 100 hectares de surface totale et 59 par 100 hectares de superficie productive. Ce sont là des proportions très élevées et qu’on ne rencontre nulle part ailleurs, sauf en Belgique. D’après ces chiffres, on serait disposé à placer la Néerlande au tout premier rang des nations agricoles, puisqu’on mesure généralement l’intensité de la culture sur la quantité du bétail; mais il ne faut pas oublier que la prédominance des herbages place les Pays-Bas dans des conditions exceptionnelles sous ce rapport, et que dans les régions où domine la terre labourée on a trop souvent lieu de regretter que les étables ne soient pas plus garnies.