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Si l’on consulte les données fournies par la statistique, on voit qu’elles viennent confirmer ce que nous avait révélé l’observation directe, c’est-à-dire que la population en Hollande est en moyenne un peu mieux pourvue que celle des autres états européens, l’Angleterre exceptée. En effet, le chiffre du produit brut, divisé par celui qui représente le nombre des habitans, donne pour résultat 150 francs par tête. C’est plus qu’en France, où la répartition par tête ne donne que 140 francs, et bien plus aussi qu’en Belgique, où l’on n’arrive qu’à 110 francs. Toutefois il ne faut pas oublier que la Néerlande exporte en Angleterre une notable partie de ses produits agricoles, en échange desquels elle reçoit, il est vrai, du numéraire ou des marchandises, mais qui sont néanmoins enlevés à la masse des denrées alimentaires que le pays consomme. On peut donc conclure de ces faits que si l’abondance et le haut prix de ses produits agricoles permettent à la Néerlande d’augmenter son capital, néanmoins, sous le rapport de l’alimentation publique, elle ne s’élève qu’un peu au-dessus de la moyenne des états de l’Europe occidentale.


II.

On vient de voir toute l’importance de la production agricole de la Néerlande; un seul fait suffit pour expliquer cette prospérité : c’est le nombre considérable d’animaux domestiques qu’on trouve dans les Pays-Bas, et qui, relativement à la superficie, surpasse celui qu’on rencontre dans les autres pays, sauf en Belgique. En 1859, on comptait dans les onze provinces néerlandaises 239,000 chevaux, soit 7 par 100 hectares de superficie totale. C’est encore un de plus que dans les îles britanniques, où l’on n’en a que 6 sur la même étendue. Si l’on se rappelle que la moitié du territoire est en prairies permanentes, on sera fondé à conclure que le chiffre de 7 chevaux par 100 hectares est très élevé. Plusieurs causes tendent à produire ce résultat. D’abord, sauf en Zélande, les chevaux ne sont pas très forts; ce ne sont pas de ces puissans animaux de trait comme en produisent le Boulonnais et la Flandre : il faut donc en atteler davantage pour disposer de la même force. Ensuite, comme on l’a vu, les cultivateurs entretiennent beaucoup de chevaux pour leur usage personnel, et enfin, dans plusieurs provinces, on élève des poulains pour l’exportation. Parmi les races de chevaux hollandais, celle qui présente les caractères distinctifs les plus marqués est la race frisonne. Elle a la robe noire, luisante comme l’aile du corbeau, et le col de cygne toujours gracieusement recourbé. Quoique les chevaux de cette race aient les pieds trop plats, ils sont excellens trotteurs, et les plus rapides forment ces fameux